Le débat sur la réforme de l’audiovisuel public, qui se tient les 23 et 24 mai 2024 à l’Assemblée nationale, a déclenché une série de réactions et d’appels à la mobilisation. Les implications de cette réforme, notamment la création d’une holding commune prévue pour le 1er janvier 2025, ont suscité des inquiétudes parmi les syndicats et les acteurs de l’audiovisuel public.
L’appel à la grève lancé par les syndicats, affectant les stations de Radio France et les chaînes de France Télévisions, témoigne de la profonde opposition à cette réforme. Les syndicats soulignent que cette initiative risque de compromettre l’indépendance éditoriale et budgétaire de Radio France, mettant en péril une stratégie audiovisuelle appréciée par le public.
À l’origine de cette réforme, la ministre de la Culture Rachida Dati défend ardemment le projet, tandis que le sénateur Laurent Lafon porte le projet de loi relatif à la réforme de l’audiovisuel public et à la souveraineté audiovisuelle. Ce dernier prévoit la création d’une nouvelle entité, « France Médias », dotée d’un budget substantiel de quatre milliards d’euros et dirigée par un responsable nommé pour un mandat de cinq ans renouvelables.
« Le texte fixe également les règles de gouvernance de la holding France Médias et de ses filiales. Son président-directeur général serait nommé pour cinq ans par décret du Président de la République, sur proposition du conseil d’administration, après avis conforme de l’Arcom et après avis des commissions permanentes compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat. Les directeurs généraux des filiales seraient, quant à eux, nommés pour cinq ans par le conseil d’administration de chaque société, sur proposition de son président », précise le Senat, qui a voté le texte en première lecture le 13 juin 2023
La souveraineté de l’audiovisuel
Les tenants de cette réforme insistent sur la nécessité de préserver la souveraineté audiovisuelle du pays, soulignant que celle-ci repose sur deux piliers : la consolidation de l’audiovisuel public pour offrir des programmes gratuits de qualité sur tous les supports, et la révision de la loi de 1986 sur la liberté de communication.
Un aspect controversé de la réforme concerne l’extension des obligations des chaînes payantes envers les plateformes accessibles uniquement par abonnement. Cette mesure vise à garantir la diffusion de certains événements sportifs majeurs sur des chaînes gratuites, afin de contrer la tendance à une diffusion exclusive sur des plateformes payantes.
En outre, la proposition de loi encourage les chaînes de l’audiovisuel public à investir davantage dans des productions de qualité exportables, contribuant ainsi au rayonnement de la création française à l’étranger.
Cependant, cette réforme divise l’Assemblée nationale. Les Républicains et une partie des députés Renaissance exigent notamment la réintégration de France Médias Monde dans le projet, menaçant de ne pas voter en faveur du projet en l’absence de cette mesure.
Dans un contexte marqué par des enjeux de souveraineté et d’indépendance éditoriale, le débat sur la réforme de l’audiovisuel public promet d’être animé et crucial pour l’avenir du paysage médiatique français.