Paris, 5 juin 2024 — Face au succès retentissant de l’exposition « Passions algériennes », l’Institut du Monde Arabe (IMA) a annoncé la prolongation de l’événement jusqu’au 15 septembre 2024. Cette exposition, la première consacrée à Étienne Dinet à Paris depuis 1930, présente plus de quatre-vingts œuvres de l’artiste, ainsi que des photographies et des documents d’archives inédits. Réalisée en partenariat avec l’IMA-Tourcoing, elle rend hommage à un peintre unique dont l’œuvre témoigne d’un amour profond et sincère pour l’Algérie.
Étienne Dinet : un peintre orientaliste hors norme
Né à Paris en 1861 dans une famille bourgeoise du Second Empire, Étienne Dinet se distingue parmi les orientalistes de son époque par son approche authentique et respectueuse de la culture algérienne. Contrairement à nombre de ses contemporains, Dinet échappe aux reproches d’exotisme colonial grâce à une immersion totale et respectueuse dans la société algérienne.
En 1884, lors d’un voyage décisif, Dinet découvre l’Algérie, pays qui marquera profondément sa vie et son œuvre. Dès 1895, il abandonne toute autre source d’inspiration que les sujets algériens et s’installe à Bou Saâda, une oasis aux portes du désert. Là, il est accueilli par la famille de Slimane ben Ibrahim, un éminent essayiste algérien, qui lui fait découvrir les merveilles du désert.
En 1913, Étienne Dinet se convertit à l’islam et prend le nom de Nasreddine Dinet, symbolisant ainsi une intégration spirituelle et morale complète dans la société algérienne. Son engagement va bien au-delà de la simple admiration artistique pour cette culture, illustrant une profonde connexion personnelle et spirituelle.
Engagement contre les injustices coloniales
Étienne Dinet ne se contente pas d’être un observateur passif de la société algérienne. Il s’insurge contre les injustices coloniales et se fait le défenseur des droits des Algériens. Pendant la Première Guerre mondiale, il est profondément affecté par le sort des soldats algériens, souvent ignorés ou mal reconnus. Pour honorer leur mémoire selon les rites musulmans, il dessine un modèle de stèle tombale et milite pour son adoption par les autorités. Son engagement est également marqué par la rédaction de « La Vie de Mohammed, prophète d’Allah », la première biographie du prophète Mahomet en français, qui renforce les liens d’affection et de respect entre lui et les habitants du Sahara.
Quarante ans après sa mort en 1929, l’Algérie indépendante consacre Étienne Nasreddine Dinet comme un maître de la peinture algérienne. Son œuvre, empreinte de respect et d’amour pour la culture algérienne, continue de toucher et d’inspirer de nombreuses générations.
L’exposition « Passions algériennes » à l’Institut du Monde Arabe est une occasion exceptionnelle de découvrir ou redécouvrir le travail d’Étienne Dinet, un artiste qui a su transcender les frontières culturelles et sociales de son époque. Avec sa prolongation jusqu’au 15 septembre 2024, le public a une opportunité supplémentaire de plonger dans l’univers d’un homme dont l’art et la vie ont été marqués par un amour profond pour l’Algérie.