Le 26 mai, Gabriel Attal a révélé dans les colonnes de La Tribune dimanche les contours d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage, visant à durcir les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Transmis au Conseil d’État le 4 juin, le projet de décret confirme une mise en application prévue pour le 1er décembre.
Le changement le plus significatif concerne les conditions d’affiliation à l’assurance chômage. Dès le 1er décembre, les salariés devront justifier de huit mois de travail au cours des vingt derniers mois – ou des trente derniers mois pour les plus de 57 ans – pour prétendre à une allocation chômage. Pour rappel, la précédente réforme de 2019 permettait une indemnisation après seulement six mois de travail sur une période de 24 mois.
Réduction des allocations
Autre mesure phare : les nouveaux entrants à l’assurance chômage verront leur allocation réduite de 40 % si le taux de chômage passe sous la barre des 6,5 % pendant deux trimestres consécutifs. Parallèlement, un « bonus emploi senior » sera instauré, offrant un complément de revenu aux salariés de 57 ans et plus acceptant un emploi moins bien rémunéré après un licenciement.
Le Premier ministre défend ces nouvelles conditions en invoquant la recherche du « plein emploi » et la nécessité de « valoriser encore plus le travail ». Les nouvelles mesures, précisées par décret le 1er juillet, entreront en vigueur le 1er décembre. Gabriel Attal explique que la durée d’indemnisation est ajustée aux « conditions actuelles » conformément au principe de « contracyclicité » appliqué depuis février 2023, lequel réduit la durée d’indemnisation en période de conjoncture favorable, lorsque le taux de chômage est inférieur à 9 %, actuellement à 7,5 %.
Réactions syndicales
Le ministère du Travail estime que ces différentes mesures permettront d’économiser 3,6 milliards d’euros pour l’Unedic et devraient inciter 90 000 personnes supplémentaires à retrouver un emploi. Malgré ces projections, le gouvernement prévoit de consulter les partenaires sociaux d’ici la fin de l’été. Les syndicats, notamment la CFDT et la CGT, affichent déjà une opposition farouche. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, dénonce une réforme « criminelle » et « un acharnement contre les chômeurs », rappelant que six millions de personnes sont actuellement privées d’emploi en France.
Opposition politique
En commission, les députés se sont prononcés contre la réforme, soutenant une proposition du groupe LIOT avec les suffrages de la gauche et du Rassemblement national, visant à inscrire dans la loi une durée de dix-huit mois d’indemnisation des chômeurs. Louis Boyard, député de La France insoumise, critique la réforme pour sa tendance à précariser les chômeurs, tandis que Boris Vaillant avertit contre la création d’une « société de travailleurs pauvres et de tâcherons ».
La réforme de l’assurance chômage dévoilée par Gabriel Attal marque un tournant significatif dans la politique d’indemnisation en France. En augmentant la durée de travail minimale requise et en réduisant les allocations sous certaines conditions, le gouvernement cherche à stimuler l’emploi. Toutefois, cette initiative suscite une vive opposition des syndicats et des représentants politiques, qui dénoncent un durcissement des conditions d’indemnisation et ses répercussions sur les travailleurs précaires. La concertation à venir sera décisive pour l’avenir de cette réforme controversée.