Jordan Bardella, candidat du Rassemblement national (RN) aux législatives 2024, s’est présenté hier devant une assemblée de dirigeants d’entreprises et d’entrepreneurs. « J’ai compris en venant ici qu’il fallait que je rassure les milieux économiques », a-t-il déclaré, conscient des réticences auxquelles il ferait face.
Quelques heures avant son discours, le président du Medef, Patrick Martin, avait comparé les programmes économiques du RN et du Nouveau Front populaire, les qualifiant de « dangereux pour l’économie ». Une déclaration qui plaçait Bardella en terrain hostile.
Pour la première fois, Bardella est apparu aux côtés d’Éric Ciotti, président des Républicains en disgrâce dans son parti. Se positionnant comme défenseurs de la « liberté économique », ils ont tous deux critiqué la mise en parallèle de leurs programmes avec ceux de la gauche. « Nous n’avons pas la même vision du pays, nous ne portons pas les mêmes menaces. Nous avons une ambition, c’est redresser la France », a martelé Ciotti.
Des propositions de réformes
Jordan Bardella a proposé un « deal gagnant-gagnant » avec les entreprises, se posant en alternative raisonnable. Concernant la réforme des retraites, il a réitéré sa volonté d’abaisser l’âge légal de départ à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler avant 20 ans et ayant cotisé 40 ans. « Cette progressivité sera aussi déterminée par les marges de manœuvre budgétaires qui me seront données par l’audit [des finances publiques] », a-t-il précisé.
L’audit des finances publiques est, selon Bardella, une étape « fondamentale ». Il a promis de s’attaquer aux « niches fiscales attribuées à des grosses entreprises » et aux coûts de la décentralisation et de la multiplication des agences publiques. Sans surprise, il a également mentionné l’immigration et une baisse de la contribution de la France au budget de l’Union européenne comme sources d’économies.
Des mesures pour soutenir les salaires
Sur les salaires, Bardella a insisté sur le maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires et a proposé une augmentation de 10 % des salaires pour les employés gagnant moins de trois fois le Smic, moyennant des exonérations de cotisations patronales. Une mesure qu’il considère comme non menaçante pour la prospérité des entreprises.
Jordan Bardella s’efforce de convaincre les milieux économiques de la viabilité de ses propositions en se présentant comme un candidat de la « raison budgétaire ». Ses alliances et ses propositions visent à renforcer sa crédibilité pour les législatives de 2024. Reste à voir si ses plans se concrétiseront et s’il parviendra à séduire à la fois les électeurs et les dirigeants d’entreprises.