Depuis plusieurs jours, le débat public s’enflamme autour des promesses de campagne des différents partis politiques. La majorité présidentielle et le Rassemblement national ont trouvé un angle d’attaque privilégié : le chiffrage des mesures annoncées, notamment en matière de protection sociale et de hausse des salaires. Ce vendredi 21 juin, le Nouveau Front Populaire (NFP) a levé le voile sur le coût de son programme pour les élections législatives, détaillant des propositions ambitieuses et chiffrées.
150 milliards d’euros de dépenses publiques en 2027
Le NFP, une coalition comprenant le Parti socialiste, La France insoumise, les Verts, le Parti communiste et le NPA, a annoncé un plan de dépenses publiques atteignant 150 milliards d’euros en 2027. Dès 2024, le programme prévoit déjà 25 milliards d’euros de dépenses. Parmi les mesures phares : une hausse de 10% du point d’indice des fonctionnaires, l’abrogation des réformes des retraites et de l’assurance chômage, la gratuité intégrale de l’école publique (cantine, périscolaire, fournitures, transports) et une revalorisation des aides au logement (APL) de 10%.
Le programme du NFP inclut également une augmentation de 14% du salaire minimum, portant le SMIC à 1 600 euros nets. De plus, le parti propose un blocage des prix, sans préciser les produits et services concernés. Ces annonces visent à améliorer le pouvoir d’achat des Français, un thème central de la campagne.
Financement : taxe sur les superprofits et ISF climatique
Pour financer ces dépenses, le NFP mise sur de nouvelles recettes fiscales. Une taxe sur les superprofits devrait rapporter 15 milliards d’euros, tandis que le rétablissement d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) avec une composante climatique générerait également 15 milliards d’euros. Julia Cagé, professeure d’économie à Sciences Po Paris, explique : « La situation des grands patrimoines a évolué. Même si l’on applique la même fourchette qu’en 2017, on aurait des recettes supérieures. »
Investissements et réformes
En 2025, le NFP prévoit de lancer de nouvelles mesures, représentant 100 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Ces fonds seront majoritairement dédiés à des investissements variés, notamment l’embauche d’enseignants pour réduire le nombre d’élèves par classe, la rénovation thermique des bâtiments, et le développement des énergies renouvelables. Le financement de ces mesures passera par la suppression de niches fiscales jugées « inefficaces, injustes et polluantes » (25 milliards d’euros), un impôt sur les successions dorées, et une nouvelle progressivité de l’impôt sur le revenu.
Pour 2027, le NFP chiffre le total des dépenses publiques induites par son programme à 150 milliards d’euros. Sur cette somme, 90 milliards seront consacrés à l’amélioration du pouvoir d’achat des Français, 30 milliards à la transition écologique, et 30 autres milliards à la réparation et au développement des services publics. Éric Coquerel, ancien président de la commission des Finances, résume : « On va s’attaquer à la question du transport ferroviaire et du fret, à l’accès aux services publics dans les territoires, au soutien à l’agroécologie et au recrutement de nouveaux fonctionnaires. »
La question de l’endettement
Cependant, le programme du NFP n’aborde pas la question de la résorption de la dette publique, estimée à 3 000 milliards d’euros fin 2023. Une nouvelle réforme des retraites et la question du mix énergétique sont renvoyées aux discussions avec les partenaires sociaux et aux débats parlementaires. Éric Coquerel défend : « Nos dépenses correspondent exactement aux recettes supplémentaires que nous mettons sur la table. »
Le programme du Nouveau Front populaire donne son chiffrage, mais laisse certaines questions ouvertes. Les électeurs auront l’occasion de juger de la faisabilité et de l’impact de ces mesures au cours des prochains mois, alors que le débat public continue de s’intensifier.