À trois jours du premier tour des élections législatives anticipées, Akli Mellouli, sénateur du Val-de-Marne, répond aux questions d’Echosplus sur les enjeux cruciaux de cette échéance électorale.
« Il est crucial de se souvenir que voter contre l’extrême droite, c’est choisir d’être du bon côté de l’histoire pour nos enfants et petits-enfants ».
La victoire du RN aux élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale ont bouleversé l’échiquier politique en France. Cette situation était-elle prévisible et/ou évitable ?
La montée du RN était prévisible à la lumière des compromis idéologiques consentis par les diverses formations politiques ces dernières années. De même, l’émergence de médias orientés ayant amplifié les idées du RN a contribué à cette évolution. Pourtant, cette issue aurait pu être évitée si les politiques avaient fait preuve de courage en restant fidèles aux valeurs républicaines et en adoptant un discours de vérité vis-à-vis des Français. La droite républicaine aurait dû maintenir ses principes gaullistes au lieu de suivre l’extrême droite, et la gauche aurait pu éviter la désillusion en travaillant de manière plus unie.
Le Rassemblement National a prévu, en cas de victoire, de restreindre l’accès des binationaux à certains emplois sensibles, relançant ainsi le débat sur la préférence nationale. Cette proposition, même si elle est difficilement applicable juridiquement, ne risque-t-elle pas de consolider la fracture sociale en France ?
Cette proposition du RN risque indubitablement de créer une discrimination entre les citoyens français, allant à l’encontre des valeurs fondamentales de notre République. L’extrême droite, depuis l’affaire Dreyfus jusqu’aux deux collèges en Algérie coloniale, a toujours voulu stigmatiser et créer des sous-citoyens. Adopter de telles mesures ne ferait qu’approfondir les fractures et les divisions au sein de notre société.
L’extrême droite et la droite dure prévoient de durcir l’accès des étrangers aux aides sociales. Est-ce un recul des principes fondamentaux de la France en matière de droits, d’ouverture et de fraternité ?
Oui, ces propositions représentent un recul flagrant par rapport aux principes de fraternité et de solidarité qui ont toujours guidé la France. Restreindre l’accès aux aides sociales pour les étrangers va à l’encontre de notre tradition d’accueil et de notre responsabilité en tant que nation attachée aux droits de l’homme et à la dignité humaine.
Quelles seront, selon vous, les répercussions sur les relations de la France avec les pays du Maghreb, et plus généralement avec l’Afrique, sur le plan économique et humain, en cas de victoire du RN ?
Dans cette période de turbulence où la France perd pied en Afrique, une victoire du RN enverrait un signal négatif. Plutôt que de se replier, il est crucial de renforcer nos liens à travers la francophonie et les diasporas africaines présentes en France. Notre politique africaine doit évoluer vers plus de coopération et de respect mutuel, et l’arrivée de l’extrême droite ne ferait qu’affaiblir notre position sur le continent africain.
À quelques jours des élections législatives, quel est le message que vous souhaitez adresser aux électeurs français ?
Aux électeurs français, je souhaite transmettre un message de mobilisation et d’espoir. Nous avons la responsabilité de faire revivre la France de la solidarité et des valeurs fraternelles qui ont toujours été notre force. Ensemble, nous pouvons construire un avenir où chacun trouve sa place dans le respect et la dignité. Il est crucial de se souvenir que voter contre l’extrême droite, c’est choisir d’être du bon côté de l’histoire pour nos enfants et petits-enfants. N’oublions pas non plus que l’apport de l’immigration a enrichi notre pays à maintes reprises, comme l’a si bien exprimé Charles Aznavour lorsqu’il disait que la France « c’était faite d’hommes venus de partout ». Engageons-nous en faveur d’une France ouverte, solidaire et résolument tournée vers l’avenir, en opposition aux discours de division et de repli prônés par l’extrême droite.
Des paroles très sages et pleines d’espoir. Merci pour cet article, en espérant lire davantage d’interviews sur Echosplus.