Avec 306 triangulaires issues des urnes au premier tour, la question du désistement ou du maintien des candidats en mauvaise position devient cruciale pour la future Assemblée nationale. Les candidats du camp présidentiel, souvent arrivés en troisième position derrière le Nouveau Front populaire (NFP) et le Rassemblement national (RN), sont au cœur de cette problématique stratégique.
Débats au sein de la coalition Ensemble
Les candidats de la coalition Ensemble (Renaissance, MoDem, Horizons, Parti radical) ont récolté 20,8 % des voix le 30 juin, et la stratégie à adopter fait débat. Gabriel Attal a appelé au désistement des candidats arrivés troisièmes dans les circonscriptions à risque de victoire du RN, si le candidat en deuxième position « partage les valeurs de la République ». Cette position est également soutenue par Renaissance.
Cependant, François Bayrou du MoDem préconise une approche au cas par cas, soulignant la nécessité d’une analyse détaillée des circonscriptions pour évaluer les réserves de voix possibles. Laurent Hénart, président du Parti radical, abonde dans ce sens, évoquant la nécessité de décisions locales adaptées.
Des stratégies locales divergentes
Malgré ces directives, les stratégies locales divergent. En Charente-Maritime, Anne-Laure Babault (MoDem) choisit de se maintenir, se considérant mieux placée pour battre le RN que son adversaire écologiste. Même scénario dans les Bouches-du-Rhône où Anne-Laurence Petel (Renaissance) refuse de céder sa place au candidat PS, arguant qu’elle est la mieux placée pour rassembler les voix démocratiques.
D’autres candidats, comme Clément Tonon (Horizons) en Dordogne, refusent de se désister au profit de LFI ou du RN, estimant qu’un tel retrait trahirait leurs engagements politiques.
Appels au rassemblement républicain
Face à cette désunion, Emmanuel Macron a réuni ses ministres pour clarifier la stratégie d’entre-deux-tours. Rappelant que le RN est le principal adversaire, il a appelé à un « large rassemblement clairement démocrate et républicain ». Bruno Le Maire a appuyé cette position, exhortant à voter pour les candidats socialistes, communistes ou verts là où Ensemble n’est pas qualifié.
Des personnalités comme Clément Beaune et Sacha Houlié ont également défendu une consigne claire de front républicain contre le RN, rejetant toute ambiguïté.
Maintiens et désistements : un choix décisif
Plusieurs candidats se sont déjà désistés, comme Marie Guévenoux (Essonne), Sabrina Agresti-Roubache (Bouches-du-Rhône) et Fadila Khattabi (Côte-d’Or). » Pour moi, il est hors de question que la 3e circonscription tombe entre les mains du Rassemblement national (…) fidèle à mes valeurs et la tête haute, je me retire de ces élections législatives pour faire barrage à l’extrême droite. j’appelle tous les électeurs qui m’ont confiance, et plus largement tous ceux qui se reconnaissent dans ma candidature, à voter pour le candidat du Nouveau Front populaire dans la 3e circonscription de la Côte d’Or », a indiqué Fadila Khattabi sur son compte x.
Pourtant, Dominique Faure (Parti radical) choisit de se maintenir en Haute-Garonne, malgré sa troisième place, affirmant que se désister reviendrait à faire un choix dans lequel elle ne se retrouve pas.
Hier, Albane Branlant (Renaissance) a rapidement annoncé son retrait pour éviter une victoire du RN face à François Ruffin (LFI), soulignant la distinction entre adversaires politiques et ennemis de la République.
Une décision à prendre avant mardi
Les candidats ont jusqu’à mardi, 18 heures, pour décider de se maintenir ou non. Cette décision, prise dans chaque circonscription, aura des répercussions significatives sur la composition de la future Assemblée nationale et sur la capacité du camp présidentiel à mener ses réformes.
Le dilemme des triangulaires illustre les tensions et les choix complexes auxquels font face les candidats du camp présidentiel, pris entre la nécessité de barrer la route à l’extrême droite et celle de rester fidèle à leurs convictions politiques.