En réponse à une percée historique du Rassemblement National (RN) lors du premier tour des législatives anticipées, une vague de désistements a eu lieu pour freiner l’ascension du parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen. Retour sur ces mouvements stratégiques qui marquent un tournant dans la politique française.
Désistements en masse pour contrer le RN
Ils avaient jusqu’à 18 heures, mardi 2 juillet, pour se décider. Selon notre décompte, 211 candidats qualifiés pour le second tour dans une triangulaire ou une quadrangulaire ont finalement choisi de se désister dans 210 circonscriptions afin de faire barrage au Rassemblement National. Le parti de Marine Le Pen, avec l’aide de ses alliés, a réalisé une percée historique lors du premier tour des législatives anticipées, faisant élire 39 députés dès dimanche soir et se qualifiant pour le second tour dans 446 circonscriptions. Pour empêcher le parti d’extrême droite d’obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale (soit 289 sièges), des dizaines de candidats ont décidé de retirer leur candidature au second tour.
Partis du Nouveau Front populaire
Les partis du Nouveau Front Populaire (NFP) ont été les premiers à initier cette vague de désistements. Ils ont demandé à leurs candidats arrivés en troisième position de se retirer pour éviter une triangulaire avec le RN. La consigne a été largement suivie : 126 candidats du NFP ont choisi de se retirer, dont 89 dans des circonscriptions où le RN avait une chance significative de remporter le second tour.
Camp présidentiel
Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a appelé lundi ses candidats arrivés en troisième position à se retirer pour empêcher l’extrême droite d’obtenir « les pleins pouvoirs ». Après négociations et tractations, 81 candidats ont fini par se retirer. Certains ont été contraints de le faire après une demande explicite du président de la République et du Premier ministre, comme Dominique Faure en Haute-Garonne.
Réduction des triangulaires et quadrangulaires
Cette série de désistements a réduit de manière significative le nombre de triangulaires impliquant le RN, passant de 299 à 92. Deux quadrangulaires auront lieu, dans la 8e circonscription du Rhône et la 4e circonscription de la Vendée.
Malgré les consignes de retrait, certains candidats ont choisi de maintenir leur candidature. Graig Monetti du parti Horizons et Émilie Chandler dans le Val-d’Oise ont décidé de rester en course, bien que des candidats RN soient arrivés en tête.
À gauche, des désistements ont également été enregistrés pour soutenir des candidats du camp présidentiel. Noé Gauchard du NFP s’est désisté pour permettre à Élisabeth Borne de conserver une chance contre le RN dans la 6ème circonscription du Calvados. Dans certains cas, les candidats NFP se retirent même au profit de candidats des Républicains pour empêcher une victoire du RN.
La stratégie de désistement massive orchestrée par divers partis politiques illustre une volonté collective de contrer la montée du Rassemblement National. Cette manœuvre électorale pourrait redéfinir les équilibres politiques à l’Assemblée nationale et marquer une nouvelle ère de collaborations stratégiques entre les formations politiques françaises pour maintenir les valeurs républicaines face à l’extrême droite.