Face à un contexte régional tendu, le gouvernement égyptien a lancé un ambitieux projet d’agrandissement du canal de Suez. Un nouvel axe passant par Port Saïd vise à augmenter la vitesse du trafic et la profondeur des voies navigables. L’objectif : dynamiser le commerce maritime entre la mer Rouge et la Méditerranée.
Le canal de Suez est une route cruciale pour le commerce maritime mondial, assurant 10 % de celui-ci. Il permet de réduire de 10 000 km la distance entre l’Europe et l’Asie, offrant un gain de temps et des économies considérables pour les compagnies de transport de marchandises et d’hydrocarbures.
Investissements stratégiques et modernisation
Pour renforcer l’attractivité du canal, les autorités égyptiennes ont consenti à d’importants investissements. En 2014-2015, plusieurs segments du canal ont été approfondis pour accueillir des navires de plus fort tirant d’eau. De plus, une deuxième voie parallèle a été creusée pour fluidifier le trafic dans les deux sens. Ces travaux ont permis d’établir des records de fréquentation quotidienne.
Selon les autorités égyptiennes, le trafic et les recettes du canal de Suez connaissent une expansion continue depuis 1999, avec une accélération notable ces trois dernières années. Malgré la pandémie de Covid-19, les recettes ont atteint 5,84 milliards de dollars en 2020-2021, soit 100 millions de plus que l’année précédente. Pour 2021-2022, elles ont grimpé à 7 milliards de dollars, enregistrant une hausse de 20 %. En 2022-2023, elles ont atteint 9,4 milliards de dollars, soit une augmentation de 34 %. Cette croissance est principalement due à l’augmentation des droits de douane imposée par les autorités égyptiennes.
Un contexte régional volatile
Le Moyen-Orient reste un foyer d’instabilité pour le commerce maritime via le canal de Suez. Les attaques des Houthis ont gravement perturbé le trafic, poussant des armateurs comme la CMA CGM à détourner temporairement leurs navires vers des routes plus sûres.
Le président de l’Autorité du Canal de Suez, Oussama Rabie, et le secrétaire général de l’Association internationale des vraquiers secs INTER-CARGO, Kostas Gknonis, ont récemment discuté des moyens de coopération pour atténuer les impacts des évolutions en mer Rouge et dans la région de Bab Al-Mandeb. Rabie a souligné l’importance d’une communication directe avec les clients et d’une coordination continue avec les organismes concernés pour élaborer des mécanismes visant à minimiser les effets de la crise sur le commerce mondial.
Pour faire face aux défis actuels, l’Autorité du Canal de Suez a mis en place plusieurs services maritimes spécialisés, dont le sauvetage maritime, l’entretien et la réparation des navires, ainsi que des ambulances maritimes. De son côté, INTER-CARGO, représentant plus de 3 000 vraquiers de 30 pays, met l’accent sur la sécurité des équipages, des navires et des cargaisons.
Impacts sur le commerce international
Les perturbations régionales ont eu des répercussions significatives sur le commerce mondial, désorganisant les chaînes d’approvisionnement. Plusieurs grands armateurs mondiaux, tels que MSC, CMA CGM, Maersk, et Hapag-Lloyd, ont temporairement suspendu ou modifié leurs trajets habituels par la mer Rouge, optant pour la route plus longue mais plus sûre du Cap de Bonne-Espérance.
L’expansion et la modernisation du canal de Suez sont des enjeux stratégiques pour l’Égypte, visant à renforcer sa position dans le commerce maritime mondial. Toutefois, les défis de sécurité régionale exigent une coopération internationale et des mesures proactives pour assurer la continuité et la sécurité du trafic maritime. Grâce à des investissements continus et une coordination accrue, le canal de Suez continuera de jouer un rôle crucial dans le commerce mondial.