Le Nouveau Front Populaire (NFP) a déjoué tous les pronostics en arrivant en tête du second tour des élections législatives dimanche soir. Avec 182 sièges remportés, la coalition de gauche s’impose comme la première force de l’Assemblée nationale. Toutefois, cette victoire est loin de garantir une gouvernance sans entrave, la coalition ne disposant pas de la majorité absolue nécessaire. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour cette nouvelle alliance.
Une coalition fragmentée
Malgré une performance électorale, le NFP se heurte à une réalité complexe : le bloc de gauche n’est pas homogène. Formée en seulement quatre jours, l’alliance entre La France insoumise (LFI) et le Parti socialiste (PS), entre autres, n’a pas suffi à apaiser les tensions internes. Ces divergences devront être résolues pour assurer la stabilité de la coalition.
Ce lundi, les QG des différentes formations de gauche étaient en ébullition. Une réunion commune des principaux représentants du NFP est attendue en fin d’après-midi dans un lieu tenu secret. L’objectif : définir les grands axes de la gouvernance face à une assemblée plus fragmentée que jamais, et surtout, trouver un candidat à proposer à Emmanuel Macron pour le poste de Premier ministre. En attendant, Gabriel Attal est maintenu à Matignon jusqu’à l’installation de la nouvelle assemblée.
Trouver un candidat de consensus
Les discussions autour de la candidature au poste de Premier ministre s’annoncent cruciales. Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a insisté sur l’importance de respecter le vote populaire et a appelé à un gouvernement du NFP. Marine Tondelier, Secrétaire nationale des Écologistes – EELV, a toutefois rappelé la nécessité de prendre le temps de trouver un consensus en raison de la situation politique inédite. Pendant ce temps, Mathilde Panot, présidente sortante du groupe insoumis, n’a pas exclu Jean-Luc Mélenchon comme candidat, provoquant des réactions contrastées au sein de la coalition.
Appliquer le programme
Jean-Luc Mélenchon a annoncé que le NFP entend appliquer son programme dès cet été, y compris par décret si nécessaire. Parmi les mesures phares, le retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans figure en bonne place. Olivier Faure, leader du PS, n’a pas hésité à évoquer la possibilité d’un passage en force au Parlement si besoin, rappelant que ce qui a été fait par le 49.3 peut se défaire par le 49.3.
Concernant le pouvoir d’achat, le NFP envisage de relever le SMIC à 1600 euros. Pour faire face à l’urgence sociale, la coalition prévoit également un blocage temporaire des prix de certains biens de première nécessité, tels que les produits alimentaires, l’énergie et les carburants. Cette mesure vise à protéger les consommateurs des hausses de prix excessives et à stabiliser le coût de la vie.
En termes de fiscalité, le NFP souhaite rétablir l’impôt sur la fortune, supprimé en 2018. En outre, il propose un impôt sur le revenu progressif en 14 tranches, permettant une redistribution plus équitable des richesses. La coalition entend également imposer une taxation des superprofits au niveau européen, afin de s’assurer que les entreprises les plus prospères contribuent davantage à l’effort national.
Le programme du NFP met aussi un accent particulier sur l’industrie et l’écologie. Un plan de reconstruction industrielle est proposé pour réduire la dépendance de la France et de l’Europe dans des domaines stratégiques tels que les semi-conducteurs et les médicaments. Les aides aux entreprises seraient, elles, conditionnées par des critères environnementaux et sociaux stricts, incitant les entreprises à adopter des pratiques durables et responsables.
Enfin, dans le secteur des services publics, le NFP prévoit une revalorisation du travail de nuit et du week-end pour les personnels concernés. Le recrutement de fonctionnaires dans l’éducation, la santé et la justice est également une priorité, avec une promesse de revalorisation des métiers et des salaires. En réponse à la saturation des hôpitaux, particulièrement durant l’été, une conférence de sauvetage de l’hôpital public est planifiée pour trouver des solutions durables à cette crise.
Ces mesures sont – elles réalisables ?
Ces propositions témoignent de la grande ambition du NFP de répondre aux attentes des électeurs en matière de justice sociale, d’équité fiscale, et de développement durable. Néanmoins, ces mesures seront -elles réalisables ? La coalition de gauche doit également se préparer à affronter une Assemblée nationale plus fracturée que jamais. Les prochains jours seront cruciaux pour la gauche, qui doit démontrer sa capacité à gouverner et à mettre en œuvre le programme le ambitieux qu’elle a proposé aux électeurs.