En cette période d’incertitude politique, le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a mis en avant l’importance de certaines dépenses et rappelé le poids croissant de la charge de la dette.
Invité sur Franceinfo mercredi, à l’occasion de la publication de la dernière note de conjoncture de la Banque de France, François Villeroy de Galhau a réagi aux propositions salariales et économiques du Nouveau Front Populaire (NFP) sans le mentionner explicitement. Il a notamment souligné les risques d’une hausse du Smic à 1.600 euros.
« Il faut se donner deux boussoles : dans la compétition économique, nos PME ne peuvent pas être alourdies par des coûts salariaux excessifs et des impôts trop élevés. Ce serait mauvais pour l’emploi tout de suite, et pour le pouvoir d’achat à terme », a-t-il expliqué.
Mise en garde sur l’aggravation du déficit
Le Gouverneur a également mis en garde contre l’aggravation des déficits publics. « On ne peut pas creuser davantage les déficits, ils coûtent de plus en plus cher à financer et pèsent sur notre souveraineté », a-t-il alerté. Selon lui, les intérêts de la dette devraient atteindre 50 milliards d’euros, soit l’équivalent du budget de la Défense, limitant ainsi les investissements dans des domaines cruciaux comme le climat et l’éducation.
La Banque de France a prévu une croissance de 0,1% pour le deuxième trimestre 2024 et de 0,8% pour l’année entière. « 0,8%, ce n’est pas beaucoup, il faut faire plus », a conclu François Villeroy de Galhau. Cette faible croissance témoigne de l’incertitude grandissante chez les chefs d’entreprise dans le contexte actuel.
Objectifs budgétaires réaffirmés par Bruno Le Maire
En parallèle, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a publié une tribune dans Le Figaro, soulignant la nécessité de maintenir le cap fixé pour rétablir les finances publiques après les crises successives du Covid et de l’inflation. Il a insisté sur l’importance de réduire la dette et de dégager des marges de manœuvre pour préparer l’avenir, notamment en accélérant la transition écologique, en renforçant l’appareil sécuritaire et en modernisant le système de santé.
Pour 2024, Bruno Le Maire a revu à la hausse les économies nécessaires, les portant à 25 milliards d’euros. « Nous devons le faire maintenant ou bien il sera trop tard, car la France divergera définitivement de ses 19 partenaires de la zone euro », a-t-il averti.
Des réductions de dépenses nécessaires
Le ministre de l’Économie a annoncé une réduction de 5 milliards d’euros des dépenses pour tous les ministères par rapport à la loi de finances initiale. Jusqu’à présent, la France visait 20 milliards d’euros d’économies en 2024, dont 15 milliards déjà engagés. Les 10 milliards restants seront répartis entre une réduction de 5 milliards pour les ministères, 2 milliards pour les collectivités locales et 3 milliards provenant d’une taxation plus efficace des rentes des énergéticiens.
En somme, les propos du Gouverneur de la Banque de France et les orientations budgétaires du gouvernement mettent en lumière les défis économiques majeurs auxquels la France est confrontée. La gestion rigoureuse des dépenses publiques et la maîtrise de la dette sont essentielles pour assurer une croissance durable et préserver la souveraineté économique du pays.