Les finances publiques françaises sont dans une situation critique. C’est ce que révèle un rapport exhaustif de la Cour des comptes présenté ce lundi matin. Selon ce document, les comptes publics, déjà fragilisés par les crises sanitaire et inflationniste, pourraient souffrir encore davantage de l’incertitude post-législatives.
2023, une année « très mauvaise »
La Cour des comptes qualifie l’année 2023 de « très mauvaise », avec un déficit public atteignant 5,5 % du PIB, bien au-delà des 4,9 % initialement prévus. Les magistrats financiers jugent que les objectifs de réduction du déficit fixés par le gouvernement pour 2027 sont « peu réalistes » et reposent sur des hypothèses de croissance « trop optimistes ». Ils estiment qu’il faudra des économies en dépenses « sans précédent » et des augmentations significatives des prélèvements obligatoires, non encore précisées.
Les scénarios alternatifs testés par la Cour des comptes montrent que la moindre déviation par rapport aux prévisions pourrait faire dérailler la trajectoire budgétaire. De plus, les prévisions gouvernementales à moyen terme ne prennent pas suffisamment en compte les coûts liés au réchauffement climatique et à la transition énergétique, qui pèseront inévitablement sur les finances publiques.
Un appel à l’unité politique
Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, appelle à un consensus politique pour réduire la dette publique, la qualifiant d’« impératif » partagé par toutes les forces politiques. « Réduire notre dette est une ardente obligation. Ce n’est ni de gauche ni de droite : c’est d’intérêt général ! » déclare-t-il dans un entretien aux Echos. Moscovici souligne que la réduction de la dette est essentielle pour éviter que le pays ne soit « paralysé ».
La France épinglée par la Commission européenne
La situation financière de la France contraste fortement avec celle de ses partenaires européens, qui ont déjà commencé à réduire leurs déficits et leurs dettes. La Commission européenne a épinglé la France pour déficit excessif, et une nouvelle dégradation de la note souveraine par une agence de notation est envisageable après celle de S&P fin mai.
Selon l’Institut Rexecode, il faudra réduire les dépenses publiques de 60 milliards d’euros dès 2025 pour stabiliser la dette. Cependant, cette réduction semble incompatible avec les besoins de financement pour la transition climatique et l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages. La Banque de France et l’OCDE projettent une croissance du PIB autour de 1,1 % à 1,5 %, limitant ainsi les marges de manœuvre.
La France fait face à une situation financière délicate nécessitant des mesures rigoureuses et un consensus politique fort. La Cour des comptes insiste sur l’importance de la discipline budgétaire et de la collaboration entre les différentes forces politiques pour garantir la stabilité économique et financière du pays. Les défis sont nombreux, mais une action résolue et collective est indispensable pour remettre les finances publiques sur une trajectoire durable.