Depuis sa courte victoire aux élections législatives anticipées, le Nouveau Front populaire (NFP) traverse une période tumultueuse. L’incapacité des partenaires de gauche à s’accorder sur un nom de Premier ministre à proposer à Emmanuel Macron complique la formation du nouveau gouvernement.
La France insoumise suspend les négociations
Un point de bascule a été atteint le lundi 15 juillet, lorsque La France insoumise (LFI) a annoncé, par communiqué, la suspension des négociations sur la formation du gouvernement. « Nous ne participerons à aucune discussion supplémentaire sur la formation du gouvernement tant que la candidature unique à l’Assemblée nationale ne sera pas acquise et que le vote n’aura pas eu lieu », a déclaré le mouvement dirigé par Jean-Luc Mélenchon. Cette décision met en lumière les tensions internes au sein du NFP et le désaccord sur la nomination d’une figure issue de la société civile au poste de Premier ministre.
Laurence Tubiana, une candidature contestée
Quelques heures après l’annonce de LFI, les socialistes, les communistes et les écologistes ont proposé une candidature commune issue de la société civile. Le Parti Socialiste (PS) a annoncé, dans un communiqué, avoir proposé Laurence Tubiana au poste de Premier ministre. Cette économiste de renom, ambassadrice pour les négociations de la COP21 et présidente de la Convention citoyenne pour le climat, est vue par ces partis comme une candidate capable de rassembler.
Pourtant, cette proposition a été fermement rejetée par les Insoumis. Le député Paul Vannier a rapidement critiqué cette suggestion, la qualifiant de « candidature Macron compatible » et accusant les autres partis de trahison envers les électeurs. « Je ne peux croire qu’après avoir opposé son veto à la candidature d’Huguette Bello, Olivier Faure se prépare à tenter d’imposer au Nouveau Front Populaire une candidature Macron compatible pour Matignon », a-t-il déclaré.
Division au sein de la gauche
Le rejet de Laurence Tubiana par LFI révèle une division profonde au sein de la gauche. Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, a exprimé son scepticisme face à cette candidature lors de son passage dans l’émission « Les 4 vérités » sur France 2. « Cette proposition ne m’a pas été faite. Maintenant, si c’est ce profil (…), je tombe de ma chaise », a-t-il affirmé, rappelant que Laurence Tubiana avait récemment appelé à une coalition avec les macronistes.
Olivier Faure, secrétaire du Parti socialiste, garde cependant espoir. « Je ne vois pas en quoi il faudrait considérer que la parole d’un seul s’impose à tous les autres », a-t-il regretté sur France Inter, soulignant que trois formations sur quatre soutiennent la candidature de Laurence Tubiana, ce qui représente une majorité de parlementaires du NFP.
Un avenir politique incertain
L’avenir du Nouveau Front Populaire reste incertain. Chaque parti a son propre favori pour succéder à Yaël Braun-Pivet : Cyrielle Chatelain pour les écologistes-EELV, Boris Vallaud pour le PS, et André Chassaigne pour le PCF. Les élus de LFI, quant à eux, gardent le mystère sur le profil qu’ils souhaitent mettre en avant.
Sans une candidature commune, la gauche risque de perdre ce poste stratégique, ce qui constituerait un premier échec majeur après leur succès aux législatives. Les tractations se poursuivent, mais la capacité des partis à surmonter leurs divergences reste en question.
Le Nouveau Front Populaire est en proie à une crise interne majeure. La suspension des négociations par La France insoumise et le rejet de Laurence Tubiana comme Premier ministre ont mis en lumière les profondes divisions au sein de la coalition. L’incapacité à s’accorder sur une candidature commune pourrait affaiblir la gauche, menaçant leur succès électoral récent et leur capacité à gouverner efficacement