Le groupe informatique français Atos, partenaire essentiel des Jeux Olympiques de Paris 2024, traverse une période de turbulences financières majeures. Le tribunal de commerce de Nanterre a ouvert une procédure de sauvegarde accélérée pour faciliter la mise en œuvre d’un plan de restructuration négocié avec ses créanciers.
Procédure de sauvegarde accélérée
Mercredi 24 juillet, le tribunal de commerce de Nanterre a décidé d’ouvrir une procédure de sauvegarde accélérée pour Atos, permettant ainsi l’adoption rapide du plan de restructuration financière. « Le tribunal a estimé que, compte tenu du soutien suffisamment large des créanciers financiers et des informations fournies par la conciliatrice lors de l’audience, l’adoption du projet de plan de restructuration financière au cours de la procédure de sauvegarde accélérée était vraisemblable », a précisé Atos dans un communiqué. Une audience pour l’approbation finale de ce plan est prévue pour le 15 octobre.
Accord crucial avec les créanciers
En mi-juillet, Atos, employant plus de 90 000 salariés dans 69 pays, a conclu un accord avec plusieurs banques et détenteurs d’obligations pour sécuriser un financement de 1,75 milliard d’euros. Cet accord est vital pour une entreprise confrontée à une dette brute de près de 5 milliards d’euros. Depuis février, Atos est engagé dans une démarche de restructuration pour stabiliser sa situation financière.
Tentatives de sauvetage et échecs des cessions
Le début de l’année 2024 a été marqué par des tentatives infructueuses de cessions d’actifs. Airbus a annoncé en avril ne pas racheter les activités Big Data & Security (BDS) d’Atos. De plus, la vente de la branche de conseil Tech Foundations à Daniel Kretinsky, milliardaire tchèque, a également échoué. Pour stabiliser sa situation, Atos a reçu en avril un prêt de 50 millions d’euros de l’État français, s’ajoutant aux 400 millions d’euros de financements privés.
Prise en main des créanciers
Suite au retrait du consortium mené par Onepoint, les créanciers et les banques ont pris en main le sauvetage de l’entreprise. L’accord prévoit une augmentation de capital de 233 millions d’euros et une réduction de la dette d’environ 3 milliards d’euros. Les banques et détenteurs d’obligations deviendront ainsi les actionnaires majoritaires, détenant jusqu’à 99,9 % du capital. Une ouverture est prévue pour les actionnaires actuels, leur permettant de conserver jusqu’à 25,9 % du capital s’ils participent à l’augmentation de capital.
Nouvelle gouvernance pour Atos
Jean-Pierre Mustier, président du conseil d’administration depuis octobre 2023, a été nommé PDG d’Atos le 24 juillet, succédant à Paul Saleh. Cette nomination s’inscrit dans une série de changements de direction depuis le départ d’Elie Girard en octobre 2021. Atos a annoncé que la gouvernance de l’entreprise resterait « non contrôlée » pendant la période de transition de la restructuration financière.
Rôle stratégique pour les Jeux Olympiques de Paris
Malgré ses difficultés financières, Atos reste un partenaire clé pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. En tant que pilier technologique, l’entreprise est responsable de la gestion des accréditations, de la diffusion des résultats en temps réel et de la cybersécurité de l’événement. Atos gère également le calendrier des compétitions, les applications de vote des athlètes, le portail des volontaires et les équipes opérationnelles.
En avril 2024, Jean-Pierre Mustier avait tenté de rassurer en affirmant qu’Atos remplirait ses obligations de manière normale pendant les JO. Cette promesse souligne l’importance stratégique d’Atos dans le bon déroulement de cet événement international.
La procédure de sauvegarde accélérée et le plan de restructuration financière en cours sont des étapes cruciales pour la survie d’Atos. Avec le soutien de ses créanciers et une nouvelle direction, l’entreprise espère sortir de cette crise. Le succès de cette restructuration sera déterminant pour l’avenir d’Atos, tant sur le plan financier que stratégique.