Un audit européen a révélé de sérieuses lacunes dans le système de contrôle des eaux minérales naturelles en France, mettant en lumière des insuffisances qui compromettent la garantie de conformité des produits mis sur le marché. Publié mercredi, ce rapport de la Commission européenne tire la sonnette d’alarme sur la capacité du système à assurer la sécurité et l’authenticité des eaux embouteillées vendues dans le pays.
Des procédures adéquates mais inefficaces
L’audit indique que bien que la France dispose de procédures et de capacités de tests en laboratoire pour le contrôle des eaux minérales naturelles et des eaux de source, ces mesures restent insuffisantes. « Dans son ensemble, le système de contrôle officiel ne vérifie pas efficacement que les eaux minérales naturelles mises sur le marché satisfont aux exigences légales en vigueur », précise le rapport.
Ce manque d’efficacité est principalement dû à un système qui n’est pas conçu pour détecter ou atténuer les fraudes. En conséquence, des produits non conformes et potentiellement frauduleux peuvent se retrouver sur les rayons des supermarchés.
Des Inspections et une Collaboration Défaillantes
Le rapport déplore également le manque de ciblage des inspections, qui ne sont pas suffisamment fréquentes, notamment sur les sites à risques. De plus, la collaboration entre les différentes autorités compétentes est jugée inadéquate, ce qui nuit à la mise en œuvre des mesures correctives nécessaires pour remédier aux non-conformités.
L’absence de mesures de suivi immédiat est un autre point critiqué par l’audit, qui note que cette carence empêche de garantir que les opérateurs remédient aux infractions, comme l’utilisation de traitements interdits, ou de prévenir la mise sur le marché de produits non qualifiés comme eaux minérales naturelles.
Nestlé Waters dans la Tourmente
Une filiale française de Nestlé, responsable des marques Perrier, Vittel, Hépar et Contrex, a reconnu fin janvier avoir utilisé des traitements de désinfection interdits tels que la lampe UV et le charbon actif. Ces pratiques visaient à maintenir la « sécurité alimentaire » des produits. Suite à ces révélations, une enquête préliminaire pour tromperie a été ouverte par le parquet d’Épinal.
Le groupe Alma également mis en cause
Le groupe Alma, qui produit une trentaine de marques d’eaux en bouteille en France, dont Cristaline, Saint-Yorre et Vichy Célestins, fait également l’objet d’une procédure judiciaire similaire. Ces incidents mettent en lumière les failles du système de contrôle et la nécessité d’une réforme pour protéger les consommateurs.
Réactions et appels à la réforme
L’association de consommateurs Foodwatch, qui a porté plainte contre Nestlé, Sources Alma et le gouvernement, a réagi vivement à la publication de l’audit. Elle estime que le rapport confirme ses dénonciations récurrentes : « opacité pour les consommateurs, manque de contrôles des autorités et impunité pour les multinationales ».
Face à ces révélations, une réforme du système de contrôle des eaux minérales naturelles en France semble indispensable. Les autorités françaises sont appelées à revoir leur approche pour garantir la sécurité des consommateurs et la conformité des produits mis sur le marché.
L’audit européen a mis en évidence des lacunes majeures dans le système de contrôle des eaux minérales en France, soulignant l’urgence d’une réforme pour assurer la qualité et la sécurité des produits. Les cas de fraude révélés et les critiques de Foodwatch appellent à une action immédiate pour renforcer les mesures de contrôle et la collaboration entre les autorités compétentes.