Le ministre démissionnaire de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé qu’il soumettrait cette semaine au Premier ministre Gabriel Attal des propositions de plafonds de dépenses considérablement réduits pour chaque ministère. Cette démarche vise à préparer le budget de 2025, dans le respect des délais légaux et avec l’objectif de redresser les finances publiques françaises.
Des crédits revus à la baisse
Mercredi, lors d’une intervention sur France 2, Bruno Le Maire a déclaré : « Je vais envoyer dès cette semaine des propositions de crédits ministère par ministère au Premier ministre Gabriel Attal pour qu’il puisse signifier lui-même à ces différents ministères le montant de crédits dont ils disposeront en 2025 ». Il a ajouté : « Ce que je vais proposer, c’est d’abord de respecter les délais pour qu’il y ait un budget en temps et en heure ».
Les crédits pour 2025 seront inférieurs à ceux de 2024 « dans des proportions qui seront significatives », a précisé le ministre. Cette mesure vise à redresser des finances publiques lourdement dégradées.
Le respect des délais : une priorité
La loi organique relative aux lois de finances (Lolf) impose que le projet de budget soit déposé au Parlement au plus tard le premier mardi d’octobre, soit le 1er octobre cette année. Bruno Le Maire a souligné l’importance des délais : « Il faut que ces lettres plafonds, c’est-à-dire les crédits des ministères, soient envoyées avant le 15 août ». Cette étape est cruciale pour que le prochain gouvernement puisse présenter le budget dans les temps.
Un contexte économique et politique tendue
Alors que le gouvernement démissionnaire cherche à réaliser 25 milliards d’euros d’économies en 2024 pour assainir les comptes publics et ramener le déficit sous le seuil européen de 3 % du PIB d’ici 2027, le prochain gouvernement, issu des législatives anticipées, devra décider de l’ampleur du serrage de vis nécessaire pour 2025. En mars, le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, avait estimé à 20 milliards d’euros les économies nécessaires pour l’année suivante.
« Ma proposition sera une réduction des dépenses et le retour à l’équilibre en 2027. Si le prochain gouvernement veut faire autre chose, toutes les options seront ouvertes, il aura la liberté de le faire », a précise Bruno Le Maire. Ce sera ensuite à Matignon de trancher, puis d’informer les ministres avant le 15 août pour que le projet de budget soit prêt à temps.
L’Union européenne surveille
L’Union européenne a récemment ouvert une procédure pour déficit excessif à l’encontre de la France, rendant la situation encore plus urgente. « Mon objectif reste de revenir sous les 3 % de déficit en 2027. C’est tout à fait possible », a affirmé le ministre. Il a rappelé que 15 milliards d’euros d’économies avaient déjà été « exécutés » et que des mesures supplémentaires, telles que la hausse de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité, devraient permettre de récupérer 5 milliards d’euros supplémentaires.
L’envoi des lettres plafonds, bien qu’administratif et non contraignant légalement, est essentiel. « Il est indispensable, d’un point de vue technique, que tous ces documents soient envoyés en temps et en heure, avant le 15 août, sinon il n’y a pas de budget le 1er octobre », a martelé Bruno Le Maire.
Éric Coquerel, président LFI de la commission des finances de l’Assemblée nationale, a noté que la proposition de Bruno Le Maire, bien que discutable, est essentielle pour éviter un retard dans la présentation du budget. « Si rien ne sort la deuxième quinzaine d’août, la présentation du budget en octobre sera menacée », a-t-il averti.
Bruno Le Maire quitte son poste en proposant une réduction significative des dépenses pour chaque ministère en 2025, dans un effort pour redresser les finances publiques françaises. Le prochain gouvernement devra arbitrer ces propositions pour présenter un budget conforme aux exigences européennes et aux impératifs économiques du pays.