En seulement quarante-six secondes, la boxeuse algérienne Imane Khelif a remporté son huitième de finale face à l’Italienne Angela Carini lors des éliminatoires des poids welters (63,5 kg – 66,6 kg). Mais si le combat fut rapide, les échos de cette victoire résonnent bruyamment bien au-delà du ring, agitant les réseaux sociaux et le monde politique.
La tension était palpable dès les premières secondes du combat au Parc des expositions de Villepinte. Après quelques échanges, un coup puissant de Khelif a poussé Carini à se retourner vers son coin. « Elle m’a fait trop mal, je ne veux pas continuer », aurait-elle murmuré. Malgré les encouragements de son directeur technique Emanuele Renzini, la boxeuse italienne a abandonné, laissant Khelif célébrer sa qualification pour les quarts de finale.
La controverse de l’hyperandrogénie
Imane Khelif n’est pas étrangère à la polémique. Exclue des championnats du monde de boxe en 2023 pour des « taux élevés de testostérone », elle a été réhabilitée par le Comité international olympique (CIO) après des tests confirmant qu’elle est bien une femme. « De nombreuses femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes, tout en étant des femmes », a souligné le porte-parole du CIO, Mark Adams.
Cependant, cette décision a suscité une controverse, certains arguant que ses niveaux élevés de testostérone, dus à une hyperandrogénie, lui donnent un avantage compétitif injuste.
La testostérone est une hormone présente chez les hommes et les femmes, mais en quantités très différentes. Chez les femmes, le taux habituel est de 0,3 à 3 nanomoles par litre de sang, contre 8,2 à 34,6 nmol/L chez les hommes. Les taux de Khelif dépassent la moyenne féminine, une caractéristique naturelle chez elle, mais qui continue de diviser l’opinion publique.
L’hyperandrogénie dans le sport féminin reste un sujet controversé. Des athlètes comme Caster Semenya ont également fait face à des exclusions pour des raisons similaires. Le débat sur l’équité continue, mais le soutien à Khelif démontre une reconnaissance croissante des complexités biologiques et une volonté de protéger les athlètes des discriminations injustes.
Réactions et polémiques
La victoire de Khelif a déclenché une vague de critiques, notamment de la part de personnalités politiques italiennes. Matteo Salvini et Giorgia Meloni ont vivement réagi, dénonçant ce qu’ils considèrent comme une injustice. Donald Trump, de son côté, a insinué que Khelif serait un homme, alimentant davantage la polémique.
Giorgia Meloni, Première ministre italienne, a exprimé son soutien à Angela Carini sur les réseaux sociaux, évoquant une « compétition enfin équitable ». La géopolitologue australienne Velina Thakarova a également jeté de l’huile sur le feu, qualifiant Khelif d' »homme biologique algérien » et posant des questions sur l’équité dans le sport féminin.
« Le sourire d’un homme qui se sait protéger par un établissement sportif misogyne profitant du désarroi d’une femme qu’il vient de frapper à la tête et dont il vient de briser l’ambition d’une vie », commente la célèbre romancière britannique Johanne Rowling, auteure de Harry Potter.
Réaction du CIO sur l’éligibilité des athlètes et la diffamation
« Tous les athlètes participant au tournoi de boxe des Jeux olympiques Paris 2024 respectent les critères d’éligibilité et les conditions d’inscription à la compétition, ainsi que toutes les règles médicales applicables définies par l’Unité de Boxe Paris 2024 », a affirmé le Comité International Olympique (CIO) dans un communiqué.
Le CIO a également souligné que la campagne de diffamation visant la boxeuse algérienne Imane Khelif a débuté lors des championnats du monde de boxe en 2023, où elle a été victime d’une décision « soudaine » et « arbitraire » de la Fédération internationale de boxe (IBA). La boxeuse taïwanaise Lin Yu-ting a également été affectée par une décision similaire au cours de cette compétition.
« Les attaques actuelles contre ces deux athlètes sont entièrement fondées sur cette décision arbitraire, prise sans aucune procédure appropriée, en dépit du fait que ces sportives ont participé à des compétitions de haut niveau pendant de nombreuses années », a dénoncé le CIO.
Imene Khelif soutenue par l’Algérie
Face à ces attaques, Khelif a reçu un soutien massif de la part de l’Algérie et du Comité olympique algérien. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abderrahmane Hamad, a assuré que toutes les mesures nécessaires sont prises pour protéger l’athlète. Le Comité international olympique a réaffirmé son éligibilité, soulignant que tous les participants aux Jeux olympiques respectent les règles d’éligibilité et les normes médicales en vigueur.
Alors qu’elle se prépare pour les Jeux olympiques de Paris 2024, Khelif incarne la lutte contre la stigmatisation et les discriminations, poursuivant son rêve olympique avec détermination.
