Les tensions au Proche-Orient ont atteint un niveau critique. Les acteurs internationaux observent avec inquiétude l’évolution de la situation, alors que les parties impliquées semblent se diriger inexorablement vers une escalade militaire.
Le 31 juillet dernier, l’assassinat du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en plein cœur de Téhéran, a déclenché une vague de menaces de réplique. Cet assassinat est intervenu quelques heures après une frappe israélienne ayant tué le chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, près de Beyrouth. L’Iran, soutenu par le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien et les rebelles yéménites Houthis, a juré de riposter.
Réactions et enjeux stratégiques
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé que son pays était prêt à faire face « à l’Iran et ses sbires sur tous les fronts ». Cette déclaration intervient dans un climat de forte tension, où chaque camp renforce ses positions. David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), souligne que l’attaque à Téhéran est une humiliation pour l’Iran, mettant en péril sa souveraineté et exigeant une réponse ferme.
Arman Mahmoudian, chercheur au Global and National Security Institute de l’université de Floride du Sud, note que l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran est particulièrement désastreux pour l’image de la République islamique. « En matière d’image, l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran est pire pour la République islamique que la frappe contre son ambassade à Damas, le 1 avril. Parce qu’il a eu lieu en Iran, de surcroît quelques heures après l’investiture du nouveau président, et qu’il a touché un haut dignitaire du Hamas, abonde dans Le Monde Arman Mahmoudian, chercheur au Global and National Security Institute de l’université de Floride du Sud.
Cet acte, survenu peu après l’investiture du nouveau président iranien, oblige Téhéran à réagir pour ne pas paraître faible. Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a brandi la menace d’un « châtiment sévère » contre Israël. Les Gardiens de la Révolution ont averti que Tel-Aviv et Haïfa sont des cibles potentielles. « L’Iran a légalement le droit de punir » Israël, a insisté lundi à Téhéran le porte-parole des Affaires étrangères, Nasser Kanani.
Implications militaires et politiques
Les États-Unis ont réagi en renforçant leur dispositif militaire dans la région, déployant davantage de navires de guerre et d’avions de combat pour protéger leur allié israélien. Selon Karim Emile Bitar, professeur à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, Benyamin Nétanyahou pourrait utiliser cette crise pour renforcer sa position politique, alors que sa popularité est en déclin. Et ajoute « les Etats-Unis sont le seul pays capable d’inciter Israël à la retenue, en imposant une conditionnalité à l’aide américaine ».
Cependant, Karim Emile Bitar pense qu’à deux mois des élections, il est peu probable que les États-Unis modifient leur politique envers leur allié israélien. Le Pentagone a d’ailleurs annoncé vendredi que les Etats-Unis allaient déployer davantage de navires de guerre et d’avions de combat pour protéger leur allié d’une éventuelle attaque.
Le Qatar, qui a souvent joué le rôle de médiateur dans les conflits impliquant le Hamas, a exprimé des doutes quant à la poursuite de ses efforts après l’assassinat de Haniyeh. « Comment une médiation peut-elle réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre partie ? », s’est interrogé Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, Premier ministre qatari.
La situation au Proche-Orient reste extrêmement volatile. La communauté internationale appelle à la retenue et à des mesures de désescalade pour éviter une guerre régionale dévastatrice. Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir de la région, alors que les acteurs internationaux continuent de surveiller de près les développements.