La France, leader européen en production de blé, connaît actuellement une crise agricole majeure marquée par une diminution importante de ses récoltes. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a tiré la sonnette d’alarme ce mercredi sur franceinfo, qualifiant la moisson de blé de cette année de « catastrophique ». Avec une baisse de production estimée entre 25 et 30 %, les conséquences pour les agriculteurs sont désastreuses, tant sur le plan économique que sur celui de la qualité des récoltes.
Des conditions météorologiques extrêmes
Cette année, les caprices du climat ont lourdement pesé sur les cultures de blé. Les pluies abondantes qui ont touché la France en hiver et au printemps ont non seulement retardé les semis, mais aussi favorisé l’apparition de maladies des cultures. Les températures anormalement basses et le manque d’ensoleillement ont également perturbé le développement des plants, menant à une baisse de rendement sans précédent. « C’est la première fois, depuis 40 ans, que la France a aussi peu de blé produit sur son territoire », déplore Arnaud Rousseau.
Des pertes financières considérables
Les répercussions économiques de cette mauvaise moisson sont lourdes. Pour une exploitation moyenne de 150 hectares, les pertes sont estimées entre 30 000 et 40 000 euros. « Les agriculteurs sont frappés de plein fouet par cette baisse de rendement », explique Rousseau, qui craint également une chute des prix payés aux producteurs en raison de la qualité dégradée du blé. « Quand le blé subit des précipitations régulières pendant l’été, sa qualité se détériore », précise-t-il. Cette baisse de qualité risque de se traduire par une rémunération moindre pour les exploitants, aggravant encore leur situation.
Appel à l’aide de l’État
Pour faire face à cette situation critique, la FNSEA a demandé des mesures d’urgence au gouvernement. Arnaud Rousseau a appelé à des exonérations fiscales, notamment sur le foncier non bâti, et à des aides pour le paiement des charges sociales et fiscales. Il a également souligné l’importance d’activer rapidement les « enveloppes de crise » au niveau européen. Parallèlement, des négociations sont en cours avec les banques pour obtenir des prêts bonifiés à taux réduits, permettant ainsi aux agriculteurs de maintenir leur trésorerie à flot.
Le réchauffement climatique en cause
Pour Jean-Bernard Lozier, céréalier dans l’Eure et membre de la Confédération paysanne, cette situation est emblématique des effets du réchauffement climatique. « Il y a toujours eu des mauvaises années, mais avec le réchauffement climatique, les sécheresses sont de plus en plus fortes et les pluies aussi », déclare-t-il à franceinfo. Selon lui, les conditions météorologiques extrêmes rencontrées cette année deviennent de plus en plus fréquentes, rendant la tâche des agriculteurs toujours plus ardue.
Malgré la gravité de la situation en France, l’impact sur le marché international reste limité. « La mauvaise récolte en France ne pèse rien sur le marché international », estime Jean-Bernard Lozier. Il juge improbable une hausse des prix des produits à base de blé tendre sur le marché mondial. Cependant, il avertit que la situation pourrait être exploitée comme un prétexte pour augmenter les prix au niveau national, indépendamment de la réalité de la production.
Cette année 2024 marque une étape difficile pour les agriculteurs français. Face à une moisson catastrophique et à une détérioration de la qualité des récoltes, ils doivent faire face à des pertes financières importantes. Les appels à l’aide se multiplient, tandis que la question du réchauffement climatique reste en toile de fond, accentuant les défis pour le secteur agricole.