La Chine a décidé de ne pas rester les bras croisés. Vendredi 9 août, Pékin a annoncé avoir saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en réponse à la décision de l’Union européenne d’imposer des surtaxes sur les importations de véhicules électriques chinois. Cette escalade marque une nouvelle étape dans un conflit commercial aux répercussions négatives pour l’industrie automobile mondiale.
Bruxelles accuse, Pékin riposte
En juillet dernier, Bruxelles avait frappé fort en imposant des droits de douane supplémentaires pouvant aller jusqu’à 38% sur les véhicules électriques en provenance de Chine. L’objectif ? Freiner l’invasion des modèles chinois sur le marché européen, une menace grandissante pour une filière qui emploie plus de 14 millions de personnes à travers le continent.
Les constructeurs chinois, accusés par l’UE de bénéficier d’aides publiques massives, se sont imposés grâce à des tarifs particulièrement attractifs. Pour Bruxelles, ces pratiques déloyales mettent en péril l’avenir de l’industrie automobile européenne, longtemps dominée par des marques prestigieuses comme Mercedes, BMW, ou encore Ferrari.
La Chine défend ses intérêts
Face à cette décision, la Chine a rapidement contre-attaqué. Pékin a saisi le mécanisme de règlement des différends de l’OMC, accusant l’Union européenne d’enfreindre les règles de l’organisation et de mettre en danger les efforts globaux de lutte contre le changement climatique. Le ministère chinois du Commerce a appelé Bruxelles à « corriger immédiatement ses mauvaises pratiques ».
Ces consultations, qui marquent le début de la procédure de règlement des différends, devraient durer au moins 60 jours. Si aucun accord n’est trouvé à l’issue de cette période, la Chine pourrait demander la mise en place d’un panel chargé de trancher la question.
L’Industrie automobile européenne en équilibre précaire
L’offensive chinoise survient à un moment critique pour l’Europe. Les constructeurs européens, champions des moteurs à essence et diesel, peinent à suivre le rythme imposé par la Chine dans la course à l’électrique. Le continent est aujourd’hui confronté à un dilemme : comment protéger son industrie sans provoquer une guerre commerciale qui pourrait se retourner contre lui ?
Les marques chinoises ont en effet progressé à une vitesse fulgurante sur le marché européen, passant de moins de 2% de part de marché des véhicules électriques fin 2021 à près de 8% fin 2023. Une croissance qui inquiète Bruxelles, d’autant plus que ces voitures, dopées par les subventions de Pékin, menacent directement l’emploi en Europe.
Un dialogue encore possible
Malgré l’intensification des tensions, une porte reste ouverte pour le dialogue. La Commission européenne a désormais quatre mois pour décider si les surtaxes seront prolongées pour une durée de cinq ans. Ce délai pourrait permettre aux deux puissances de trouver un compromis et d’éviter une escalade aux conséquences imprévisibles.
Mais la tâche s’annonce ardue. Les États membres de l’UE sont loin d’être unanimes sur la question. Si la France et l’Espagne plaident en faveur de mesures fortes, des pays comme l’Allemagne, la Suède, et la Hongrie craignent les représailles économiques de Pékin et préfèrent jouer la carte de la prudence.
L’avenir de l’automobile européenne en jeu
Le bras de fer entre Bruxelles et Pékin sur les véhicules électriques pourrait bien redéfinir l’avenir de l’industrie automobile. À mesure que la Chine renforce sa position de leader dans la technologie des batteries, l’Europe se retrouve face à un défi de taille : comment maintenir sa compétitivité sans renoncer à ses principes ? Les mois à venir seront déterminants pour l’avenir de ce secteur stratégique.
Avec ces surtaxes, l’Europe joue gros. Elle espère protéger ses emplois tout en évitant une guerre commerciale avec son deuxième partenaire économique. Mais à mesure que le conflit s’intensifie, le risque de représailles de la part de Pékin devient de plus en plus tangible.
L’affrontement commercial entre la Chine et l’Union européenne sur les véhicules électriques est loin d’être terminé. Les deux parties continuent de se défier, tout en gardant la porte ouverte au dialogue.