La France est plongée dans une impasse politique alors que la préparation du budget 2025 devient une source de tension majeure. En l’absence d’un nouveau gouvernement, c’est l’équipe démissionnaire de Gabriel Attal qui est chargée de l’élaboration du projet de loi de finances. Une situation qui n’est pas sans soulever des questions, d’autant plus qu’Emmanuel Macron tarde à nommer un nouveau Premier ministre.
Mercredi 14 août, Matignon a fait savoir que Gabriel Attal tient à « préserver le processus budgétaire », afin que le futur gouvernement puisse présenter le budget dans les délais prévus. Un exercice délicat, alors que les lettres plafond, déterminant les crédits et emplois alloués à chaque ministère, n’ont toujours pas été adressées. Selon Matignon, elles devraient être envoyées « dans les prochains jours », posant ainsi la première pierre d’une base budgétaire qui reste toutefois sujette aux arbitrages du prochain exécutif.
Un calendrier sous pression
La préparation du budget est soumise à un calendrier strict, et le gouvernement démissionnaire doit respecter ces échéances constitutionnelles. Dès septembre, le projet de loi de finances pour 2025 sera examiné par le Haut Conseil des finances publiques et le Conseil d’État. Selon la loi organique relative aux lois de finances (LOLF), le projet doit impérativement être déposé à l’Assemblée nationale avant le 1er octobre.
Cependant, la tâche s’annonce ardue. Le retard pris dans la préparation du budget, souligné par Le Monde, met en lumière les difficultés d’un gouvernement en transition. Alors que les instances publiques et européennes attendent des réponses claires, le temps presse pour éviter un blocage institutionnel.
Des mesures d’austérité en vue
Le contexte budgétaire est marqué par une volonté de réduction drastique des dépenses. Thomas Cazenave, ministre démissionnaire délégué aux Comptes publics, a annoncé une réserve de précaution de 16,5 milliards d’euros. Ce montant résulte du gel de 10 milliards d’euros de crédits en juillet, une décision qui vise à réduire le déficit public, conformément aux exigences de l’Union européenne. « Le nouveau gouvernement pourra soit y renoncer, soit prendre d’autres mesures pour accompagner notre désendettement », a précisé Cazenave.
Mais ce n’est qu’un début. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a d’ores et déjà prévenu : les crédits pour 2025 devraient être « inférieurs » à ceux de 2024, dans des proportions « significatives ». L’objectif est clair : ramener le déficit public sous les 3 % du PIB d’ici 2027. Pour y parvenir, plusieurs pistes sont envisagées, notamment des réductions dans les dépenses de fonctionnement de l’État, dans l’immobilier public, et dans les achats gouvernementaux. Le Maire ouvre également la voie à un possible accord politique sur la taxation des rachats d’actions et des profits exceptionnels des énergéticiens.
Un projet de loi de finances en suspens
Le dépôt du projet de loi de finances pour 2025 devant l’Assemblée nationale au 1er octobre est un impératif juridique, mais son adoption reste incertaine. Sans majorité claire au Parlement, et avec une procédure européenne pour déficit public excessif qui pèse sur les décisions, le chemin s’annonce difficile.
Le gouvernement sortant a peut-être jeté les bases d’un budget, mais c’est au prochain exécutif que reviendra la tâche complexe de le finaliser et de le défendre devant des parlementaires divisés. Au-delà des chiffres, c’est l’avenir économique de la France qui se joue dans cette bataille budgétaire.