Jeudi dernier, le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris ont fait une annonce majeure concernant la santé publique aux États-Unis : à partir du 1er janvier 2026, le prix de dix médicaments essentiels sera significativement réduit pour les bénéficiaires du régime d’assurance des personnes âgées, Medicare. Cette mesure, qualifiée d’« historique » par l’administration Biden, a été rendue possible grâce à la loi Inflation Reduction Act (IRA), un texte phare du mandat présidentiel. Pourtant, elle suscite une vive opposition au sein de l’industrie pharmaceutique.
Une réforme qui ne fait pas l’unanimité
Les grands laboratoires pharmaceutiques, bien que réticents, ont finalement accepté de revoir à la baisse les prix de vente de certains de leurs médicaments pour Medicare. Les groupes AstraZeneca et Johnson & Johnson ont ainsi participé, à contrecœur, aux négociations entamées en février 2023. Selon eux, le refus de coopérer aurait entraîné des sanctions fiscales jugées « insupportables » et menacé l’accès des patients à ces traitements. AstraZeneca a justifié sa décision en affirmant que « toute personne ayant besoin de nos traitements doit pouvoir y avoir accès ».
Le « Maximum Fair Price » : un outil de négociation puissant
Au cœur de cette réforme se trouve le dispositif Maximum Fair Price (MFP), qui découle de l’IRA. Ce mécanisme permet à Medicare de négocier directement avec les laboratoires pour obtenir des prix plus avantageux sur certains médicaments. Parmi les dix médicaments concernés figurent l’Entresto de Novartis (problèmes cardiaques), le Stelara de Janssen (psoriasis, maladie de Crohn) et l’Eliquis de Bristol-Myers Squibb et Pfizer (anticoagulant), ce dernier étant le plus prescrit de la liste.
Des réductions de prix significatives
Les réductions obtenues sont substantielles. Par exemple, le prix mensuel de l’Entresto passera de 628 dollars à 295 dollars, soit une baisse de 56 %. La réduction la plus marquée concerne le Januvia de Merck, un traitement contre le diabète, dont le prix sera réduit de 79 %. Ces ajustements devraient permettre d’économiser 1,5 milliard de dollars pour les bénéficiaires de Medicare dès la première année et 6 milliards pour les contribuables, selon la Maison Blanche.
Une industrie pharmaceutique sous pression
Malgré ces économies pour les assurés, les laboratoires pharmaceutiques dénoncent une législation qu’ils considèrent comme arbitraire et potentiellement nuisible à l’innovation. Johnson & Johnson, dont deux médicaments figurent sur la liste, a averti que ce plafonnement des prix pourrait entraîner une augmentation des coûts pour d’autres patients et restreindre l’accès aux traitements. Novartis, de son côté, critique l’IRA pour son absence de base scientifique dans l’évaluation des médicaments et son impact négatif sur le développement de nouveaux traitements.
Un tournant pour le marché des médicaments aux États-Unis
Cette réforme constitue une première dans l’histoire de Medicare, où les prix des médicaments ne sont pas régulés au niveau national. Elle marque un tournant majeur dans la politique de santé américaine, longtemps dominée par les intérêts des laboratoires pharmaceutiques. Cependant, les recours juridiques déjà déposés par des groupes comme Merck ou Novo Nordisk signalent que la bataille légale autour de cette loi est loin d’être terminée.