La tension monte entre La France Insoumise (LFI) et Emmanuel Macron. Dans une tribune publiée dans La Tribune dimanche, le mouvement dirigé par Jean-Luc Mélenchon a menacé d’engager une procédure de destitution contre le président de la République. LFI accuse Emmanuel Macron de perpétrer un « coup de force institutionnel contre la démocratie » en refusant de reconnaître les résultats des élections législatives de juillet, qui ont vu la gauche unie au sein du Nouveau Front Populaire (NFP) remporter 193 sièges, un score loin de la majorité absolue.
Accusations de LFI : « Manquement condamnable »
La tribune, signée par plusieurs figures de LFI, dont Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, et Mathilde Panot, critique sévèrement l’attitude du chef de l’État. Les signataires affirment que Macron, en ignorant le vote populaire, commet un « manquement condamnable aux exigences élémentaires du mandat présidentiel ». Selon eux, Emmanuel Macron « doit savoir que seront utilisés tous les moyens constitutionnels de le démettre plutôt que de nous soumettre à son mauvais coup contre la règle de base de la démocratie ».
LFI accuse le président de vouloir nommer un Premier ministre sans tenir compte du verdict des urnes, ce qui, selon le mouvement, constitue une violation flagrante de ses devoirs. Cette critique vise notamment le fait que Macron a écarté l’idée de nommer Lucie Castets, représentante du NFP, à Matignon. Le président a justifié ce choix en estimant que Castets ne parviendrait pas à rassembler une majorité à l’Assemblée nationale.
Destitution : une tâche ardue
La France Insoumise invoque l’article 68 de la Constitution, qui permet au Parlement de destituer le président en cas de « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». Toutefois, cette procédure, inédite sous la Ve République, est extrêmement complexe. Pour qu’elle aboutisse, LFI doit d’abord convaincre l’Assemblée nationale et le Sénat de se constituer en Haute Cour. Cette étape nécessite une proposition de résolution qui doit être validée par le Bureau de l’Assemblée, puis adoptée par la commission des Lois, avant d’être votée à une majorité des deux tiers dans chaque chambre.
Même si LFI dispose de 72 députés, la tâche s’annonce ardue. Le groupe espère rallier d’autres formations politiques à sa cause, mais le soutien est loin d’être acquis. Marine Tondelier, cheffe des écologistes, a esquivé la question, préférant insister sur la nécessité pour Macron de nommer Lucie Castets à Matignon.
Un avertissement pour Macron
Alors qu’Emmanuel Macron doit consulter les forces politiques en fin de semaine en vue de former un nouveau gouvernement, cette initiative de LFI s’inscrit comme un avertissement solennel. Le président se trouve confronté à une partie de l’opposition déterminée à bloquer toute tentative de gouverner sans tenir compte des résultats des législatives.
Olivier Faure prend ses distances
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), a rapidement réagi, déclarant qu’il ne soutenait pas cette démarche. « Cette tribune n’est signée que par les dirigeants de LFI. Elle n’engage que leur mouvement », a affirmé Faure sur le réseau social X (anciennement Twitter). Il a également souligné que, pour le PS, la réponse à une nomination d’un Premier ministre qui ne respecterait pas la tradition républicaine réside dans la motion de censure, et non dans la destitution. « La destitution est impraticable », a-t-il ajouté, précisant qu’elle nécessite une majorité des deux tiers dans les deux assemblées, un seuil difficilement atteignable.
La procédure de destitution, bien qu’improbable, cela reflète la profonde division qui marque actuellement la scène politique française. Emmanuel Macron, qui doit former un gouvernement en tenant compte d’un paysage politique fragmenté, est désormais sous la pression d’une opposition prête à utiliser tous les moyens à sa disposition pour le contraindre à respecter la volonté populaire exprimée lors des législatives.