Dans une interview accordée au Point ce mardi 20 août, Raphaël Glucksmann, député européen et figure de la gauche française, a livré une analyse incisive de l’état de la gauche en France. Pour lui, il est impératif de « tourner la page Macron et Mélenchon » afin de bâtir une social-démocratie capable de gouverner le pays, loin des postures idéologiques et des radicalités stériles.
Une gauche en quête de compromis
Raphaël Glucksmann n’a pas mâché ses mots. Selon lui, la gauche ne pourra espérer revenir au pouvoir que si elle accepte de « négocier des compromis » et renonce à la radicalité, incarnée notamment par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. « On est terrorisés à l’idée d’être considérés comme impurs si on négocie des compromis. Mais pourquoi faire de la politique si c’est pour se condamner à l’impuissance et aux postures ? » s’interroge-t-il, dénonçant ce qu’il perçoit comme une dérive sectaire au sein de la gauche française.
Glucksmann reconnaît qu’il n’a « jamais cru à l’aplanissement magique des divergences extrêmement profondes » avec LFI. Pourtant, il continue de défendre le Nouveau Front Populaire, une alliance qu’il qualifie d’« unité d’action électorale contre l’extrême droite ». Selon lui, cette coalition a rempli sa mission en permettant de contenir la montée du Rassemblement National lors des dernières élections.
Une critique sans concession de la stratégie post-électorale
Le député européen a également profité de cet entretien pour critiquer la stratégie adoptée par la gauche après les élections législatives. Selon lui, une véritable discussion aurait dû être engagée dès le soir du second tour avec les autres forces politiques ayant participé au front républicain contre le Rassemblement National. Parmi les priorités qu’il cite pour la gauche : l’augmentation du Smic, la création d’un impôt sur la fortune (ISF) climatique, la réindustrialisation, et le renforcement des services publics en zone rurale.
« Suis-je prêt à gouverner ? Non »
Interrogé sur une éventuelle nomination au poste de Premier ministre, Raphaël Glucksmann a répondu sans ambiguïté : « Suis-je prêt aujourd’hui à gouverner la France ? Non. » Il a ajouté qu’il n’a pas encore travaillé sur un projet de transformation nationale suffisant pour assumer cette responsabilité. Pour l’instant, sa priorité est de construire une force social-démocrate capable de dominer le débat intellectuel et de proposer un projet crédible pour le pays.
Une gauche renouvelée pour 202
En évoquant 2027, Glucksmann fait un constat : « Ce sera la social-démocratie, et non un succédané du macronisme ou un avatar du populisme de gauche, qui fera face au lepénisme. » Il appelle ainsi à une refondation de la gauche autour d’un projet réaliste, centré sur le compromis et le pragmatisme, pour éviter de laisser le champ libre à l’extrême droite.
En somme, l’analyse de Raphaël Glucksmann est celle d’un homme politique désireux de sortir des schémas traditionnels et de proposer une alternative aux Français. Pour lui, il est urgent de tourner la page des figures politiques actuelles, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, et de tracer une nouvelle voie pour la gauche française.