L’Algérie, premier importateur de sucre en Afrique et huitième à l’échelle mondiale, se tourne résolument vers la production locale pour réduire sa dépendance extérieure. En 2023-2024, le pays a importé 1,942 million de tonnes de sucre, selon les dernières données de l’USDA (Département américain de l’Agriculture). Une tendance qui pourrait s’inverser grâce à plusieurs projets ambitieux portés par les groupes Madar Holding et Cevital.
Madar Holding : un acteur public en pleine expansion
Le groupe public Madar Holding, à travers sa filiale Tafadis, multiplie les initiatives pour redresser la filière sucrière nationale. En tête de liste, la raffinerie de Larbatache, située dans la wilaya de Boumerdès, qui sera opérationnelle d’ici la fin de l’année. Acquise récemment par Madar dans le cadre de la récupération des biens confisqués, cette installation ultramoderne affichera une capacité de production de 2 000 tonnes par jour, positionnant ainsi Tafadis comme un acteur majeur du raffinage en Algérie.
Mais Madar ne compte pas s’arrêter là. La filiale sucrière prépare également un projet novateur de production de sucre à partir de la betterave sucrière dans la wilaya de Ouargla. Ce projet, d’un coût estimé à plus de 80 milliards de dinars, devrait générer plus de 600 emplois directs et des milliers d’emplois saisonniers et indirects, selon un communiqué du groupe.
Tafadis et Reasol : un partenariat stratégique pour l’avenir
Pour mener à bien ce projet de grande envergure, Tafadis s’est alliée à l’entreprise américaine Reasol, spécialisée dans l’agroalimentaire. En janvier 2024, les deux entreprises ont signé un mémorandum d’entente visant à développer conjointement un projet intégré d’industrie sucrière, allant de la culture à grande échelle de la betterave sucrière à sa transformation industrielle. L’objectif : produire un sucre blanc 100 % algérien, répondant aux standards internationaux les plus stricts.
Cevital : le secteur privé à l’offensive
Le groupe privé Cevital, déjà bien implanté dans l’industrie sucrière, ne reste pas en retrait. À Hassi Lefhal, dans la wilaya d’El Ménéa, Cevital a lancé un projet de culture de betterave sucrière visant à produire 450 000 tonnes de sucre par an. Avec une capacité d’exploitation quotidienne de 30 000 tonnes de betteraves, ce projet vise à alimenter les raffineries du groupe et à réduire la dépendance de l’Algérie aux importations de sucre.
Un défi de taille pour l’Algérie
Les ambitions de Madar et Cevital sont d’autant plus cruciales que la demande en sucre ne cesse d’augmenter dans le pays. Ménages, artisans pâtissiers, et industries agroalimentaires sont autant de secteurs dépendant d’un approvisionnement constant. En répondant à cette demande croissante, l’Algérie pourrait non seulement alléger sa facture d’importation, mais aussi se positionner comme un exportateur potentiel de sucre.
Renforcer la souveraineté alimentaire
Le succès de ces projets représenterait un véritable tournant pour l’Algérie, qui aspire à renforcer sa souveraineté alimentaire. En réduisant sa dépendance aux importations, le pays se prépare à répondre à ses propres besoins, tout en créant des milliers d’emplois et en stimulant le développement économique de régions comme Ouargla et El Ménéa.
L’avenir de l’industrie sucrière algérienne semble ainsi prometteur, porté par des initiatives publiques et privées déterminées à transformer le pays en un producteur clé de sucre en Afrique.