Ce vendredi matin, les leaders de la coalition de gauche, premiers à être reçus au palais de l’Élysée, affichaient un optimisme prudent à l’issue d’un entretien d’une heure et demie avec Emmanuel Macron. L’échange, mené principalement par Lucie Castets, a marqué un tournant dans le dialogue avec le président, pourtant réticent à l’idée de la nommer à Matignon. Castets a noté dans L’Humanité une évolution dans la posture du chef de l’État, qui avait initialement repoussé la décision à l’après-Jeux olympiques. « Il semble prendre acte du fait que les Français attendent un changement dans la politique menée depuis sept ans », a-t-elle déclaré.
Des points de blocage persistants
Pourtant, derrière cette apparente ouverture, les discussions ont révélé des points de blocage significatifs. Macron, qui a qualifié les échanges de « courtois et respectueux », a confié à ses proches rechercher une « solution institutionnellement stable » face à une situation inédite à l’Assemblée nationale. Lors d’un déjeuner avec les responsables du camp présidentiel, l’option Castets a rapidement perdu du terrain. Selon Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire, la nomination de Lucie Castets, accompagnée de ministres issus de La France insoumise (LFI), pourrait conduire à une série de remaniements, exacerbant l’instabilité.
Levée de boucliers contre des ministres LFI
La perspective d’inclure des membres de LFI dans un gouvernement dirigé par Castets a en effet provoqué une levée de boucliers au sein du camp présidentiel. Plusieurs voix influentes, dont François Bayrou et Laurent Wauquiez, ont exprimé leur opposition catégorique à cette idée, menaçant d’adopter une motion de censure si un tel gouvernement venait à voir le jour. « Pour l’immense majorité des parlementaires qui se sont exprimés, un gouvernement avec le programme du NFP, c’est-à-dire de LFI, et des ministres de LFI, c’est impossible », a souligné François Bayrou, président du MoDem à l’AFP, reflétant l’inquiétude croissante de la majorité.
Castets reste ferme sur la présence de LFI
Face à cette pression, Lucie Castets a maintenu sa position. Dans une interview accordée à L’Humanité, elle a écarté la possibilité de former un gouvernement sans représentants de LFI. « Toutes les forces du NFP seront représentées dans ce gouvernement », a-t-elle affirmé, insistant sur la nécessité de nommer des ministres en fonction de leurs compétences et de leur engagement.
Indignation à gauche et menaces de censure
À gauche, l’éventualité d’une mise à l’écart définitive de Lucie Castets suscite une vive indignation. Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a averti qu’une telle décision constituerait une « violation du résultat des élections législatives », promettant une motion de censure et même une procédure de destitution contre Macron. Jean-Luc Mélenchon, de son côté, n’a pas mâché ses mots, qualifiant le président d' »autocrate ».
Macron face à un choix difficile avant les Jeux paralympiques
Alors que les consultations se poursuivent, notamment avec Marine Le Pen et Éric Ciotti, la situation reste bloquée. Emmanuel Macron pourrait s’exprimer dès lundi soir, selon des sources proches des discussions, bien qu’il se donne jusqu’à mercredi pour trancher, avant l’ouverture des Jeux paralympiques. Une issue favorable à Lucie Castets semble toutefois de plus en plus improbable.