À deux semaines du lancement de la 50e édition du Festival du cinéma américain de Deauville, un vent de polémique souffle sur la station balnéaire normande. Le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf a été écarté du jury, une décision prise par la nouvelle directrice du festival, Aude Hesbert, et qui suscite de vives réactions.
C’est dans un entretien publié le 25 août dans La Tribune Dimanche qu’Aude Hesbert a annoncé le départ d’Ibrahim Maalouf du jury de cette édition anniversaire. Le musicien, relaxé en 2020 dans une affaire d’agression sexuelle sur mineure, faisait face à une montée de tensions au sein de l’équipe organisatrice. « La présence d’Ibrahim Maalouf devenait de plus en plus problématique pour la bonne tenue, sereine, d’un festival qui fête son 50e anniversaire », a déclaré la directrice, précisant qu’elle souhaitait une édition marquée par « clarté et transparence ».
Cette décision intervient alors que le festival, qui se tiendra du 6 au 15 septembre, se prépare à recevoir un public international pour célébrer un demi-siècle de cinéma américain à Deauville. Ibrahim Maalouf, qui devait siéger aux côtés de personnalités telles que Ludivine Sagnier, Émilie Dequenne et Damien Bonnard sous la présidence de Benoît Magimel, a été brusquement évincé, laissant planer l’ombre d’une controverse sur l’événement.
Réactions vives de Maalouf et de son avocate
L’annonce de cette éviction a immédiatement provoqué l’indignation de l’artiste et de son avocate, Me Fanny Colin. Cette dernière a dénoncé à l’AFP ce qu’elle considère comme un « sacrifice » sur l’autel du principe « the show must go on » pour des raisons « mercantiles ». Elle a indiqué que les organisateurs avaient demandé à Maalouf de se retirer « en toute discrétion », une proposition qu’il a refusée.
Sur son compte Instagram, Ibrahim Maalouf a exprimé son incompréhension face à cette décision. « Je me faisais un plaisir de faire partie du jury du festival de Deauville », a-t-il déclaré, soulignant qu’il avait appris la nouvelle par la presse. Le musicien, visiblement ému, a dénoncé un « harcèlement » persistant malgré sa relaxe, et a promis de combattre cette éviction devant les tribunaux.
Un Festival sous pression
Aude Hesbert, qui succède à Bruno Barde après son retrait consécutif à des accusations d’agressions sexuelles, se retrouve ainsi en première ligne pour défendre la réputation du festival. Elle a également annoncé la publication d’une charte contre les violences sexistes et sexuelles, destinée à encadrer l’événement et à éviter tout abus de pouvoir.
Ce document, qui sera dévoilé au début du festival, s’inscrit dans un contexte de vigilance accrue dans le secteur culturel, où le mouvement #MeToo continue d’avoir un impact profond. « Nous serons extrêmement vigilants sur ces sujets à l’avenir », a assuré Aude Hesbert, qui espère ainsi apaiser les tensions et garantir une édition sans heurts.
La décision d’écarter Ibrahim Maalouf à quelques jours du début du Festival de Deauville révèle les tensions qui persistent autour des questions de justice et de réputation dans le monde du cinéma.