Dimanche 25 août 2024, le président de la République tunisienne, Kaïs Saïed, a procédé à un remaniement ministériel de grande envergure, touchant 22 ministres et secrétaires d’État. Cette décision, inattendue par son ampleur, intervient à moins de deux mois de l’élection présidentielle prévue pour le 6 octobre prochain. Dans ce bouleversement, 19 ministres et trois secrétaires d’État ont été remplacés, tandis que sept autres membres du gouvernement, considérés comme des piliers de l’administration Saïed, ont été maintenus à leurs postes.
Des changements stratégiques dans un contexte électoral
Parmi les ministères concernés, ceux des Affaires étrangères et de la Défense, deux postes névralgiques, ont été confiés à de nouvelles figures. Mohamed Ali Nafti, ancien diplomate ayant exercé dans plusieurs ambassades, notamment en Grèce, en Espagne et en Corée du Sud, est désormais à la tête du ministère des Affaires étrangères. Khaled Shili, autre diplomate de carrière, qui a notamment été ambassadeur en Jordanie, a pris les commandes du ministère de la Défense.
Ce remaniement survient dans un climat politique tendu, marqué par les préparatifs pour l’élection présidentielle. Des voix critiques s’élèvent déjà, accusant le chef de l’État de manœuvrer en vue de renforcer son emprise sur le gouvernement à l’approche du scrutin. Kaïs Saïed, pour sa part, a balayé ces critiques d’un revers de main, les qualifiant de « calomniateurs menteurs ».
La continuité dans les postes clés
Malgré la profondeur du remaniement, certains ministères essentiels n’ont pas été touchés. Parmi les ministres qui conservent leur poste, on retrouve Kamel Nouri à l’Intérieur, Leila Jaffel à la Justice, et Sihem Boughdiri aux Finances. Ces personnalités jouent un rôle crucial dans la gestion des affaires intérieures et économiques du pays, un facteur déterminant dans une période où la stabilité gouvernementale est scrutée de près.
Un Président déterminé face aux défis
Au lendemain de ce remaniement, Kaïs Saïed s’est rendu dans le gouvernorat du Kef et à Siliana, où il a rencontré des citoyens pour écouter leurs préoccupations. Lors de cette visite, il a réaffirmé sa volonté de mener le pays vers la justice sociale et la reconstruction des services publics. Pour le Président, ce remaniement est une réponse nécessaire aux « mauvais choix » accumulés au cours des dernières décennies, qu’il considère comme responsables des difficultés actuelles du pays.
Dans son discours prononcé à l’occasion de la prestation de serment des nouveaux ministres, Kaïs Saïed a également dénoncé l’existence de « centres de pouvoir » qu’il accuse de tenter de manipuler les institutions de l’État. Ce remaniement, selon lui, était inévitable pour maintenir le bon fonctionnement des rouages de l’État, mis à mal par les manquements de certains responsables.
Vers une nouvelle bataille électorale
À 66 ans, Kaïs Saïed se lance dans la course pour un second mandat présidentiel, qu’il présente comme une « guerre de libération et d’autodétermination » visant à établir une « nouvelle république ». Face à lui, deux candidats se sont déclarés : Zouhair Maghzaoui, figure de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, un industriel à la tête d’un parti libéral.
Le scrutin du 6 octobre s’annonce donc sous haute tension, avec un président sortant qui, malgré les critiques, semble déterminé à poursuivre ses réformes pour répondre aux attentes du peuple tunisien. La bataille électorale qui s’engage sera décisive pour l’avenir de la Tunisie, alors que le pays tente de surmonter les défis économiques et sociaux qui l’ébranlent.
