Ce mardi 27 août, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, entame une tournée diplomatique cruciale en Afrique de l’Ouest. Pendant trois jours, il visitera la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie, dans l’espoir de trouver des solutions à la crise migratoire qui frappe de plein fouet l’archipel espagnol des Canaries. Ce voyage intervient dans un contexte de tensions croissantes, avec une hausse spectaculaire du nombre de migrants tentant la périlleuse traversée de l’Atlantique.
Hausse de l’afflux migratoire
Depuis le début de l’année 2024, près de 23 000 migrants ont réussi à atteindre les Canaries, marquant une augmentation de 126 % par rapport à la même période l’an dernier. Cette envolée des arrivées met à rude épreuve les capacités d’accueil de l’archipel. Les autorités locales sonnent l’alarme : les infrastructures sont débordées, notamment pour l’accueil des mineurs non accompagnés, qui représentent un défi humanitaire de taille. Actuellement, 5 200 jeunes sont répartis dans 81 centres, alors que seulement 2 000 places étaient initialement prévues.
Un pari diplomatique
L’objectif de Pedro Sanchez est clair : convaincre ses homologues africains de restreindre les départs de migrants. Ce n’est pas la première fois que le Premier ministre espagnol se rend dans la région pour aborder ce sujet épineux. En février dernier, il avait annoncé une aide de 180 millions d’euros lors d’une visite à Nouakchott. Pourtant, les résultats concrets se font encore attendre, et l’augmentation des flux migratoires montre l’ampleur du défi.
Une route mortelle
La route migratoire menant aux Canaries est l’une des plus dangereuses au monde. Les traversées, qui peuvent atteindre 1 500 kilomètres, se font à bord de frêles embarcations de pêche, sans équipement de navigation moderne. Selon l’ONG Caminando Fronteras, plus de 5 000 personnes auraient déjà péri en tentant cette traversée depuis le début de l’année. Malgré ces risques, la pression migratoire ne faiblit pas, en partie à cause du renforcement des contrôles en Méditerranée et des crises politiques qui secouent l’Afrique de l’Ouest.
Un contexte politique difficile
En Espagne, la question migratoire devient de plus en plus explosive. L’opposition de droite critique sévèrement la gestion du gouvernement Sanchez, dénonçant l’incapacité de ce dernier à trouver des solutions efficaces. Sur place, les autorités des Canaries demandent désespérément une aide accrue de Madrid et un transfert plus systématique des migrants vers la péninsule. Mais la tâche s’annonce ardue, car la majorité des régions espagnoles refusent d’accueillir ces nouveaux arrivants, notamment les mineurs non accompagnés.
Une tournée sous haute tension
Pedro Sanchez sait que cette tournée africaine est cruciale. En plus de négocier de nouveaux accords pour freiner l’immigration clandestine, il doit faire face à une pression politique croissante dans son propre pays. Le temps presse, car les prévisions pour la fin de l’année sont alarmantes : les Canaries pourraient accueillir entre 40 000 et 50 000 migrants d’ici décembre, ce qui exacerberait encore davantage la crise.