Le 27 août, Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale démissionnaire, a dressé les grandes lignes de la rentrée scolaire lors d’une conférence de presse à Paris. Bien qu’en transition, la ministre a tenu à affirmer que « la rentrée est prête » et que des changements importants sont à prévoir, malgré la situation politique actuelle.
Dans le cadre des « affaires courantes », dont la gestion incombe au gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal, Nicole Belloubet a clarifié que « l’école ne connaît ni temps mort, ni suspension ». Cependant, elle a annoncé que la publication de certains textes concernant la réforme du brevet est reportée. « Les nouvelles modalités d’évaluation du brevet ont dû être reportées », a-t-elle déclaré, ajoutant que ces textes « devraient pouvoir entrer en vigueur pour le brevet 2025 ».
La réforme en question prévoit une révision significative du brevet, notamment l’augmentation de la part des épreuves finales dans la note globale, passant de 50% à 60%. De plus, toutes les disciplines de 3e seront prises en compte pour le contrôle continu, qui représentera 40% de la note finale. Toutefois, l’obligation d’obtenir le brevet pour intégrer le lycée, une mesure annoncée par Gabriel Attal en 2023, est pour l’instant suspendue, le décret correspondant étant « gelé à ce stade ».
Révision des Programmes : plus de clarté
La ministre a également annoncé une révision des programmes de mathématiques et de français pour le cycle 1 (maternelle) et le cycle 2 (CP, CE1, CE2). « Ces programmes seront plus clairs, plus détaillés, plus lisibles », a-t-elle assuré, précisant qu’ils seront publiés dès la fin de la période des affaires courantes et entreront en vigueur à la rentrée 2025.
En parallèle, la réforme de la formation initiale des enseignants est également suspendue. Cependant, Nicole Belloubet a exhorté le futur gouvernement à en faire « une priorité », soulignant l’importance de cette réforme pour l’avenir du système éducatif.
Expérimentation de l’Interdiction des Smartphones
Répondant aux recommandations de la commission sur l’usage des écrans initiée par Emmanuel Macron, la ministre a annoncé une nouvelle étape dans l’interdiction des smartphones en milieu scolaire. Dès septembre, 200 collèges expérimenteront une interdiction stricte, où les élèves devront déposer leurs téléphones à l’entrée de l’établissement. « Cette pause numérique va plus loin que l’interdiction actuelle », a expliqué Belloubet, soulignant que cette mesure vise à « prévenir les violences en ligne » et à « limiter l’exposition aux écrans ». La généralisation de cette interdiction dans tous les collèges pourrait intervenir dès janvier 2025.
Groupes de Niveau : une mise en œuvre pragmatique
La mise en place des groupes de niveau, désormais rebaptisés « groupes de besoins », dans les classes de 6e et 5e reste un sujet sensible. Annoncée par Gabriel Attal, cette mesure a suscité de nombreuses critiques dans le monde éducatif. Cependant, Nicole Belloubet a insisté sur la souplesse de cette réforme : « Aux établissements et aux équipes d’agir pour atteindre les objectifs de la réforme », a-t-elle affirmé, tout en reconnaissant que « les difficultés du terrain ne sont pas les mêmes selon les collèges ».
L’objectif de ces groupes est de « faire progresser tous les élèves dans la maîtrise des savoirs fondamentaux en prenant mieux en compte leur diversité », a-t-elle plaidé, défendant ainsi une réforme qui, malgré les réticences, vise à améliorer l’égalité des chances.
Généralisation des évaluations nationales critiquée
Autre annonce majeure, la généralisation des évaluations nationales à tous les niveaux de l’école élémentaire, incluant désormais les élèves de CE2 et CM2. Ces évaluations, déjà en place pour le CP, le CE1 et le CM1, seront utilisées pour ajuster les pratiques pédagogiques et s’assurer que « les élèves maîtrisent les savoirs fondamentaux à la fin de l’école primaire », a précisé le ministère.
Toutefois, cette généralisation est loin de faire l’unanimité. Plusieurs syndicats ont d’ores et déjà appelé à une grève le 10 septembre pour protester contre ces évaluations, jugées « sources de stress » pour les enseignants, les élèves et les familles. Nicole Belloubet a répliqué : « Ce n’est pas un outil de surveillance, mais un soutien supplémentaire pour les enseignants ».
Budget : appel à la vigilance
En ce qui concerne le budget de l’Éducation nationale pour 2025, la ministre a exprimé son inquiétude. « Les plafonds budgétaires qui nous ont été adressés nous contraindraient à une rigueur particulière », a-t-elle alerté, avant d’ajouter que ce budget « ne répond pas, à ce stade, à l’ensemble de nos besoins ». Elle a appelé le prochain gouvernement à sanctuariser ce budget pour maintenir une « réelle ambition » pour l’éducation.
Malgré sa démission imminente, Nicole Belloubet s’efforce de poser les bases pour une rentrée scolaire placée sous le signe de la continuité et de la préparation aux réformes futures. Les défis restent nombreux, et l’avenir de plusieurs mesures dépendra du prochain gouvernement.
