Emmanuel Macron a lancé un nouveau cycle de consultations politiques, mais cette fois-ci, le président de la République a choisi d’exclure certains acteurs de premier plan, notamment La France Insoumise (LFI), le Rassemblement National, et Éric Ciotti.
Cette décision, qui semble stratégique, a été mal accueillie par plusieurs forces de gauche. Le premier secrétaire du Parti Socialiste (PS), Olivier Faure, a rapidement réagi en affirmant que « les socialistes ne seront pas les supplétifs d’une macronie finissante et censureront toute tentative de prolongation du macronisme ».
L’Élysée n’a cependant pas fermé la porte à toute la gauche française. Dans son communiqué, le gouvernement a explicitement invité le PS, les écologistes, et les communistes à « proposer des chemins pour coopérer » avec les autres forces politiques. Cette main tendue pourrait-elle suffire à diviser le Nouveau Front populaire (NFP) ?
Les tensions au sein du NFP : une unité fragile
La menace de destitution brandie par LFI à l’encontre d’Emmanuel Macron a exacerbé les tensions au sein du NFP. Dans une tribune publiée le 18 août, Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, et Mathilde Panot ont adressé un « avertissement solennel » au chef de l’État. LFI a même annoncé son intention de présenter une motion de destitution à l’Assemblée nationale, sans en préciser l’échéance.
Face à cette initiative, les autres forces de gauche, notamment les socialistes, écologistes, et communistes, ont pris leurs distances. « Jusqu’à maintenant, le NFP laisse LFI développer sa thèse de la destitution du chef de l’État, mais si les insoumis accentuent cette dimension, les autres forces politiques de gauche vont probablement demander à ce que les modalités de prises de décision soient repensées au sein de la coalition », analyse Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et enseignant à Sciences Po. Cette situation pourrait bien mener à une fracture au sein du NFP, rendant plus difficile une coopération efficace entre ses composantes.
Le PS face à ses divisions internes
Le Parti Socialiste n’est pas épargné par les divisions internes. Le 27 août, un bureau national a été convoqué à la demande des courants minoritaires, représentés par Hélène Geoffroy et Nicolas-Mayer Rossignol, qui ont obtenu ensemble 51 % des votes des militants lors des dernières élections internes. Hélène Geoffroy, fervente opposante à LFI et critique du NFP, a plaidé pour « reprendre des discussions avec le président de la République » et a demandé à la direction du PS de rejeter « un vote d’une motion de censure par principe ».
Cependant, tous les socialistes ne partagent pas cette approche. Laurent Baumel, député PS, se montre sceptique : « Je ne vois pas comment le PS se dissocierait du reste de la gauche », explique-t-il à l’AFP. Selon lui, toute personnalité de gauche qui accepterait un poste à Matignon proposé par Emmanuel Macron serait immédiatement perçue comme « traître ».
Mobilisations annoncées : une gauche en ordre dispersé
Alors que les discussions avec l’Élysée semblent au point mort, certains au sein de LFI ont opté pour une autre stratégie : la mobilisation dans la rue. Jean-Luc Mélenchon a appelé à une « grande mobilisation contre le coup de force » d’Emmanuel Macron le 7 septembre. François Ruffin, autre figure de LFI, a invité les militants à se rassembler dans la Somme le 31 août.
Le PS, de son côté, reste prudent. Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, a déclaré sur franceinfo que « le Parti socialiste, à ce stade, n’appelle pas à des mobilisations ». Une position qui reflète les divisions internes au sein du parti, mais aussi la volonté de ne pas être entraîné dans des actions perçues comme trop radicales.
« Il y a peu de chances que ce soit de grandes mobilisations, elles seront surtout locales et principalement constituées par les troupes de LFI. », affirme Bruno Cautrès. Pour lui, l’enjeu se situe à l’automne, où ces contestations pourraient, ou non, s’articuler avec une mobilisation syndicale plus large.
L’avenir incertain de la coalition de gauche
L’unité de la gauche française est aujourd’hui confrontée à des défis majeurs. Les consultations d’Emmanuel Macron, les tensions internes au sein du NFP, et les divisions croissantes au PS rendent l’avenir de cette coalition incertain. La gauche pourra-t-elle surmonter ces obstacles pour déterminer son influence sur la scène politique française ? Affaire à suivre !