Espagne-Mauritanie : une coopération pour contrer l’immigration clandestine

Dans un contexte de tensions croissantes autour de la question migratoire, l’Espagne et la Mauritanie ont franchi une nouvelle étape dans leur partenariat pour lutter contre l’immigration clandestine et promouvoir des voies légales de migration. Cette initiative, lancée lors de la tournée africaine du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, vise à répondre à l’afflux massif de migrants en provenance d’Afrique de l’Ouest.

Mardi soir, à l’issue d’une rencontre à Nouakchott avec le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Pedro Sánchez a annoncé la signature d’une « déclaration d’intention » entre les deux pays. Cet accord marque la volonté d’intensifier la collaboration pour combattre la criminalité organisée, en particulier le trafic d’êtres humains, une priorité pour l’Espagne confrontée à une hausse dramatique des arrivées de migrants illégaux.

Un projet pilote pour une migration circulaire

Au cœur de cette nouvelle coopération figure un « mémorandum d’entente » portant sur un projet pilote de migration circulaire. Concrètement, l’Espagne communiquera ses besoins en main-d’œuvre à la Mauritanie, qui sélectionnera des candidats pour travailler sur le territoire espagnol. Ce programme, d’une durée initiale d’un an, accorde une place privilégiée aux jeunes et aux femmes, témoignant de l’ambition des deux pays de structurer une migration bénéfique et régulée.

L’archipel des Canaries sous pression

Cette initiative intervient dans un contexte migratoire de plus en plus tendu pour l’Espagne. Depuis le début de l’année, près de 23 000 migrants ont atteint les îles Canaries, soit une augmentation de 126 % par rapport à l’année précédente. Ce phénomène met une pression énorme sur les autorités espagnoles, qui cherchent à contenir l’afflux via des partenariats renforcés avec les pays de départ, dont la Mauritanie est un acteur clé.

Une coopération étendue à la sécurité et à la formation

Outre la question migratoire, l’Espagne et la Mauritanie ont également convenu de renforcer leur coopération en matière de sécurité. L’Espagne contribuera financièrement à une initiative de formation pour les forces de sécurité mauritaniennes, un soutien qui s’inscrit dans une approche globale de lutte contre les réseaux de passeurs. De plus, un institut Cervantes sera prochainement ouvert à Nouakchott, illustrant la volonté de Madrid de renforcer les liens culturels avec ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Une tournée africaine aux enjeux multiples

Après la Mauritanie, Pedro Sánchez a poursuivi sa tournée en Gambie, puis au Sénégal, deux autres pays de départ de migrants. À chaque étape, le chef du gouvernement espagnol a défendu une vision de la migration qui soit non seulement légale et ordonnée, mais aussi profitable tant pour les pays d’accueil que pour les pays d’origine. Il a notamment insisté sur la nécessité d’investir dans l’emploi, la formation et les infrastructures, afin de créer des alternatives à la migration clandestine.

Une migration régulière pour un avenir commun

Pour Pedro Sánchez, la gestion de la migration doit allier fermeté et humanité. « L’immigration n’est pas un problème, mais une nécessité qui s’accompagne de certains défis », a-t-il déclaré. Le Premier ministre espagnol a également souligné que la migration régulière, si elle est bien gérée, peut être une force positive pour les deux rives de la Méditerranée. Cette tournée africaine s’inscrit dans cette vision d’une migration régulée, bénéfique à la fois pour l’Europe et pour l’Afrique.