Les députés de La France Insoumise (LFI) ont franchi un cap en déposant, ce samedi 31 août, une proposition de destitution contre le Président Emmanuel Macron. Ils accusent le chef de l’État de « manquement grave » à ses devoirs en refusant de nommer Lucie Castets au poste de Première ministre, malgré la victoire de l’alliance de gauche, le Nouveau Front Populaire (NFP), aux législatives.
Selon les députés LFI, Emmanuel Macron a bafoué la Constitution en ignorant le choix des urnes, préférant s’engager dans des « marchandages politiques » à l’Assemblée nationale. « Le rôle du Président n’est pas de choisir un Premier ministre qui lui plaît, mais de nommer celui qui reflète la volonté populaire », martèlent les Insoumis.
Une procédure complexe, encadrée par l’article 68 de la Constitution
La procédure de destitution, bien que prévue par l’article 68 de la Constitution, est extrêmement contraignante. Pour qu’elle aboutisse, il faut d’abord qu’un dixième des membres de l’Assemblée nationale ou du Sénat soutienne la proposition. Ensuite, elle doit être adoptée par les deux tiers des députés, puis des sénateurs. Enfin, si ces étapes sont franchies, le Parlement se réunit en Haute Cour pour statuer sur la destitution du Président, avec une majorité des deux tiers nécessaire pour l’entériner.
En l’état actuel, la perspective de voir Emmanuel Macron destitué reste hautement improbable. Le groupe LFI, avec ses 72 députés, a certes les moyens de déposer cette proposition, mais la faire adopter par une large majorité parlementaire est un tout autre défi. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a d’ores et déjà indiqué que son groupe ne soutiendrait pas cette démarche, la qualifiant d’« impraticable ».
Un climat politique tendu
Malgré les obstacles, les députés LFI, emmenés par Mathilde Panot, n’entendent pas reculer. Leur texte, envoyé aux parlementaires pour cosignature, accuse Emmanuel Macron de manquer à son devoir de respect de la volonté populaire. « Si Macron refuse de se soumettre au vote du peuple, alors nous devons le démettre ! », clame le groupe.
François Ruffin, ancien membre de LFI aujourd’hui au sein du groupe Écologiste et Social, partage ce constat, appelant l’Assemblée nationale à « user de tous les moyens constitutionnels » pour contrer ce qu’il considère comme une dérive autoritaire du Président. Toutefois, il reconnaît que « le chemin est encore long » avant de parvenir à une destitution.
Des divisions au sein de la gauche
Cette initiative de La France Insoumise révèle également les fractures au sein de la gauche. Alors que certains, comme François Ruffin, soutiennent l’idée d’une action musclée contre Emmanuel Macron, d’autres, plus pragmatiques, redoutent les conséquences d’une telle démarche. Olivier Faure, en désaccord avec LFI, a fait savoir que le Parti Socialiste se concentrerait plutôt sur d’autres priorités, estimant que la procédure de destitution est une voie sans issue.
Un scénario peu probable
En dépit de la détermination affichée par LFI, le scénario d’une destitution d’Emmanuel Macron semble peu probable. La procédure, aussi complexe que rigide, nécessite un large consensus politique qui, à ce jour, fait défaut. Alors que la majorité des parlementaires ne paraît pas disposée à suivre LFI dans cette entreprise, la proposition de destitution pourrait rester lettre morte, un symbole de l’opposition farouche mais isolée au sein de l’hémicycle.