Les prévisions économiques pour 2024 inquiètent sérieusement les autorités françaises. Dans une lettre adressée aux parlementaires, le ministre démissionnaire de l’Économie, Bruno Le Maire, et son ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, ont exprimé leurs préoccupations quant à la trajectoire budgétaire du pays. « L’augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités territoriales (…) pourrait à elle seule dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros », a averti Bruno Le Maire, soulignant le risque de dérapage des finances publiques.
Un déficit public sous pression
Selon une note du Trésor annexée à cette correspondance, le déficit public pourrait atteindre 5,6% du PIB en 2024, contre 5,1% prévus initialement. Une situation qui s’explique notamment par des recettes fiscales en berne. « Les prévisions de recettes fiscales, déjà abaissées de près de 30 milliards d’euros au printemps, pourraient par ailleurs ne pas être atteintes compte tenu de l’évolution de la composition de la croissance, moins favorable aux recettes fiscales », ont écrit Bruno Le Maire et Thomas Cazenave. Ces projections mettent en lumière une fragilité budgétaire qui pourrait compliquer la tâche du prochain gouvernement.
Croissance révisée à la hausse, mais…
Malgré ces sombres perspectives, le gouvernement a revu légèrement à la hausse ses prévisions de croissance pour 2024, tablant désormais sur une hausse de 1,1% du PIB contre 1% prévu précédemment. Cette révision est justifiée par un « acquis de croissance à mi-année 2024 plus élevé qu’anticipé et une prévision d’accélération de la croissance au 3e trimestre ». Toutefois, cette révision reste insuffisante pour compenser les effets négatifs sur les recettes fiscales, principalement en raison d’une croissance moins dynamique dans les secteurs les plus contributifs aux recettes de l’État.
Les dépenses des collectivités en forte hausse
L’une des principales préoccupations exprimées par les ministres concerne l’augmentation des dépenses des collectivités territoriales. « Cette augmentation pourrait, à elle seule, dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros par rapport à la trajectoire de déficit envoyée à Bruxelles au printemps », ont-ils alerté. Une telle dérive budgétaire pose des défis considérables pour l’équilibre des comptes publics, déjà fragilisés par une conjoncture économique incertaine.
Un Appel à une fiscalité plus juste
Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel (LFI), n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié lundi soir, il a vivement critiqué la politique économique actuelle, estimant que « ces chiffres démontrent que la politique de l’offre et de la compétitivité, que manifestement le président Macron entend poursuivre, emmène toujours plus vite le pays dans le mur ». Pour lui, il est impératif d’adopter une fiscalité « plus juste, plus rentable, moins dispendieuse vis-à-vis des revenus du capital », afin de soutenir les recettes fiscales et financer des politiques publiques ambitieuses en matière de santé, d’éducation et de logement.
Un avenir incertain pour la politique budgétaire
Face à ces défis, le document adressé aux parlementaires conclut que « le prochain gouvernement devra modifier le cas échéant les éléments préparés, à la fois en matière de recette et de dépense ». La pression sur les finances publiques risque de s’intensifier, et la gestion du déficit sera sans doute l’une des principales priorités du prochain exécutif. Les parlementaires, comme l’ont souligné Éric Coquerel et Charles de Courson, ont déjà demandé à consulter les documents budgétaires de 2024 et 2025, afin de mieux comprendre les enjeux qui se profilent.
En définitive, l’année 2024 s’annonce comme un véritable test pour la résilience économique et budgétaire de la France, avec des choix difficiles qui attendent les dirigeants futurs.