Pékin est le théâtre d’un événement diplomatique majeur du 4 au 6 septembre, alors que le président chinois Xi Jinping accueille une vingtaine de dirigeants africains et plusieurs délégations pour un sommet de grande envergure. Cet événement, le plus important organisé en Chine depuis la pandémie de Covid-19, vise à approfondir les liens entre la Chine et l’Afrique, avec un accent particulier sur les infrastructures, l’énergie et l’éducation.
Partenaire commercial et bailleur de Fonds
La Chine, aujourd’hui la deuxième économie mondiale, est le principal partenaire commercial de l’Afrique. Selon les médias officiels chinois, les échanges bilatéraux entre la Chine et le continent africain ont atteint 167,8 milliards de dollars (151,8 milliards d’euros) au premier semestre 2024. Le pays joue un rôle important dans la construction d’infrastructures dans de nombreux pays africains.
Financées par les banques publiques chinoises, ces infrastructures ont permis de doper la croissance de nombreux pays africains. Elles incluent des projets phares tels que des voies ferrées, des ports et des routes. Toutefois, ces prêts massifs ont également suscité des préoccupations quant à l’augmentation de l’endettement de certains pays africains.
Un accès privilégié aux ressources africaines
Depuis plus de deux décennies, la Chine a envoyé des centaines de milliers d’ouvriers et d’ingénieurs en Afrique pour mener à bien ces grands projets. En échange, elle a obtenu un accès privilégié aux ressources naturelles du continent, notamment le cuivre, l’or et le lithium. Xi Jinping a réitéré l’importance de cette coopération lors de ses rencontres avec les dirigeants africains, appelant à une plus grande collaboration dans les domaines de l’infrastructure, de l’énergie et des ressources naturelles.
Lors d’une réunion avec Bola Tinubu, le président du Nigeria, Xi a appelé à renforcer cette coopération, particulièrement dans le secteur des infrastructures, un domaine où le Nigeria a massivement emprunté à la Chine. Cette relation est vue comme mutuellement bénéfique, bien que certains analystes mettent en garde contre une dépendance accrue.
Prêts en baisse, nouveaux défis
Néanmoins, malgré cette coopération soutenue, les prêts accordés par la Chine aux pays africains ont connu une baisse significative. En 2023, ils se sont élevés à 4,61 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros), loin des 30 milliards de dollars (27 milliards d’euros) atteints en 2016. Cette diminution est en grande partie due au ralentissement économique actuel en Chine, qui incite Pékin à réduire ses investissements en Afrique.
Concurrence avec les États-Unis
Ce sommet intervient également sur fond de rivalité croissante entre la Chine et les États-Unis en Afrique, en particulier en ce qui concerne l’influence politique et l’accès aux ressources naturelles. Pékin cherche à équilibrer le déséquilibre commercial croissant avec l’Afrique en augmentant ses importations de produits agricoles et de minéraux transformés en provenance du continent.
Emmanuel Véron, enseignant-chercheur associé à l’Inalco, a déclaré dans un entretien avec France 24 que « la Chine jouit d’une relation d’asymétrie très forte dans ses relations bilatérales avec l’Afrique. » Il ajoute : « Pour la Chine, l’Afrique est un levier contre l’Occident. » Cette dynamique a été particulièrement visible au Mali, où la Chine a su tirer parti du départ de la France pour renforcer sa présence en envoyant des formateurs et des équipements militaires.
Un Sommet stratégique pour Pékin
Le sommet de cette semaine à Pékin souligne la détermination de la Chine à maintenir et renforcer son rôle de partenaire clé en Afrique, malgré les défis économiques et la concurrence internationale. En investissant dans des secteurs stratégiques et en renforçant ses relations bilatérales, Pékin continue de consolider son influence sur le continent africain, tout en se positionnant comme un acteur majeur face à l’Occident.
