Édouard Philippe a choisi cette rentrée 2024 pour franchir un cap décisif en annonçant officiellement sa candidature à l’élection présidentielle de 2027. C’est dans une interview accordée au magazine Le Point que l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron a levé le voile sur une ambition que beaucoup lui prêtaient déjà. « Je serai candidat à la prochaine présidentielle », a-t-il déclaré, confirmant ainsi ce que nombre d’observateurs pressentaient depuis son départ de Matignon en juillet 2020.
Une annonce calculée, un timing surprenant
Cette annonce n’est pas une surprise en soi. Redevenu maire du Havre, Édouard Philippe a patiemment construit son retour sur la scène politique, fondant le parti Horizons et se positionnant comme une figure incontournable de la droite modérée. Ce qui surprend, en revanche, c’est le choix du moment. En choisissant de dévoiler ses intentions dès septembre 2024, Philippe prend de court la classe politique, sans attendre qu’un nouveau Premier ministre soit désigné. Cette décision semble stratégique, visant à se positionner dès maintenant dans une campagne qui s’annonce longue et complexe.
Un homme de droite, au-delà des étiquettes
Édouard Philippe se revendique toujours comme un « homme de droite », mais il refuse de se laisser enfermer dans une case politique. « Je ne cherche pas tous les matins à me demander quelle est mon étiquette », confie-t-il, soulignant ainsi son désir de rassembler au-delà des clivages partisans. Sans entrer dans les détails de son programme, il promet des propositions « massives », indiquant qu’il prépare une offre politique capable de répondre aux grands défis du pays.
Critique du pouvoir en place et préparation à toute éventualité
Fidèle à son image d’indépendance, Philippe n’a pas manqué de marquer ses distances avec Emmanuel Macron, notamment en critiquant la dissolution de l’Assemblée nationale, une décision qu’il n’a jamais approuvée. Il se dit prêt en cas de présidentielle anticipée, évoquant ainsi la possibilité d’une fin de mandat difficile pour l’actuel président. Cette posture lui permet de se positionner comme une alternative crédible et préparée, face à un éventuel effondrement de l’exécutif actuel.
Les grands périls selon Édouard Philippe
Dans son entretien, Philippe a identifié quatre périls majeurs auxquels la France doit faire face. Le premier est le « péril démocratique », avec une méfiance croissante des citoyens envers leurs institutions. Le second est le « péril budgétaire », avec une dette publique qu’il estime dangereusement sous-estimée. Vient ensuite le « péril de l’immobilisme », un risque selon lui de passer à côté de sujets cruciaux comme l’éducation, l’écologie ou le logement. Enfin, le « péril de la sécurité » reste, pour l’ancien Premier ministre, un enjeu prioritaire.
Une vision institutionnelle et politique
Sur le plan institutionnel, Philippe se dit « très attaché au scrutin majoritaire » et envisage même de limiter le second tour des législatives aux deux candidats arrivés en tête. Si une réforme vers la proportionnelle devait être envisagée, il n’y serait favorable qu’à condition de rétablir le cumul des mandats exécutifs locaux avec les mandats parlementaires.
Interrogé sur le duel entre Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand pour Matignon, Édouard Philippe n’a pas pris position, préférant souligner les qualités de chacun et insister sur la nécessité de construire des compromis pour avancer. Il affirme soutenir tout Premier ministre issu de l’espace politique allant de la droite conservatrice à la social-démocratie, le même espace où il compte trouver ses électeurs pour 2027.