La Banque de France (BdF) prévoit de relever « un peu » sa prévision de croissance pour 2024 à la mi-septembre, portée par des indicateurs économiques favorables, notamment la désinflation et le succès des Jeux olympiques de Paris. C’est ce qu’a annoncé François Villeroy de Galhau, gouverneur de la BdF, dans une interview accordée au magazine Le Point. Cette révision positive intervient dans un contexte économique encore marqué par des incertitudes politiques et des tensions sur les taux d’intérêt.
Des signaux économiques encourageants
La décision de la BdF repose principalement sur deux « bonnes nouvelles économiques », a déclaré Villeroy de Galhau. « Durablement, la désinflation, qui va permettre des gains de pouvoir d’achat et une baisse des taux d’intérêt, et plus temporairement le succès des Jeux olympiques », a-t-il expliqué.
La désinflation, c’est-à-dire la réduction progressive de l’inflation, pourrait, selon le gouverneur, redonner du souffle aux ménages français en augmentant leur pouvoir d’achat, tout en facilitant l’accès au crédit grâce à la baisse des taux d’intérêt. « Cela va clairement soutenir l’activité économique dans les mois à venir », a-t-il ajouté.
De plus, le succès des Jeux olympiques de Paris, qui ont généré une activité accrue dans plusieurs secteurs comme le tourisme et les infrastructures, constitue une dynamique temporaire mais bienvenue pour l’économie nationale. Selon François Villeroy de Galhau, cet événement a eu « un impact positif immédiat » sur la croissance, et ce, malgré son caractère éphémère.
Révision de la prévision de croissance
En juin, la Banque de France tablait sur une croissance de 0,8 % du PIB pour 2024. Mais cette prévision sera revue à la hausse mi-septembre, « un peu », a précisé le gouverneur, sans en dire davantage sur le chiffre exact. Ce réajustement fait écho aux prévisions gouvernementales, qui anticipent une croissance de 1 % pour l’année prochaine.
Bruno Le Maire, ministre démissionnaire de l’Économie, avait déjà laissé entendre que la croissance pourrait dépasser les attentes initiales. Fin juillet, il déclarait que l’économie française pourrait enregistrer une performance « probablement » supérieure à la prévision actuelle.
Des chocs de confiance à surveiller
Si la BdF se montre plus optimiste quant à la croissance pour 2024, François Villeroy de Galhau reste prudent et met en garde contre deux « chocs de confiance » susceptibles de ralentir l’économie française. Le premier est lié à l’écart de taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne. « L’écart de taux – le spread – de la France par rapport à l’Allemagne a grimpé de 0,5 % avant les élections à près de 0,75 %, ce qui pèse sur le financement de l’économie », a-t-il expliqué.
Le second choc concerne l’incertitude politique intérieure. En l’absence d’un nouveau Premier ministre, 50 jours après les législatives anticipées, les entrepreneurs pourraient se montrer réticents à investir ou embaucher. « Dans l’incertitude, ils risquent de différer leurs projets d’investissement et d’embauche », a averti le gouverneur. Une prudence partagée également par les ménages, qui pourraient choisir d’épargner plutôt que de consommer, freinant ainsi la reprise.
Un défi budgétaire à relever
Sur le front budgétaire, François Villeroy de Galhau a rappelé l’importance de ramener le déficit public sous la barre des 3 % du PIB, comme l’exige le Pacte de stabilité européen. Toutefois, il estime que cet objectif devra être atteint « à un rythme réaliste », probablement pas avant 2027. « Il faudra un compromis réaliste sur le calendrier, compatible avec le nouveau Pacte européen », a-t-il insisté.
Bruno Le Maire avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur l’état des finances publiques, pointant un déficit des comptes publics prévu à 5,6 % du PIB en 2024. Le ministre avait préconisé que le prochain gouvernement réalise des économies immédiates à hauteur de 16 milliards d’euros pour redresser la situation.
Alors que la Banque de France s’apprête à revoir légèrement à la hausse ses prévisions pour 2024, l’économie française reste sous la menace de plusieurs risques, qu’ils soient externes, comme la hausse des taux d’intérêt, ou internes, avec l’instabilité politique. Pour François Villeroy de Galhau, il est urgent de « donner vite de la clarté et de la crédibilité » pour restaurer la confiance des investisseurs et des ménages.