Vendredi soir, Deauville a ouvert les portes de son célèbre Festival du film américain pour une 50e édition particulièrement attendue. À cette occasion, une figure emblématique d’Hollywood a foulé le tapis rouge : Michael Douglas, venu recevoir un prix d’honneur, 25 ans après son père, Kirk Douglas. Un clin d’œil au passé qui a ravi le public normand, fidèle au rendez-vous depuis 1975.
Sans film à promouvoir, l’acteur a tout de même offert aux spectateurs un discours mémorable, teinté d’une note romantique. Il a en effet profité de son passage pour rappeler que c’est à Deauville, en 1998, qu’il a rencontré celle qui deviendrait sa femme, Catherine Zeta-Jones. « Trois semaines avant de venir en France, j’avais vu Le Masque de Zorro. Oh mon Dieu… », raconte l’acteur, sous les rires et applaudissements de la salle. Une anecdote qui a parfaitement lancé cette édition festive.
Des stars et des films prestigieux
Sur le tapis rouge, les stars se sont succédé, apportant leur lot de glamour. Parmi elles, Natalie Portman, Michelle Williams et James Gray, tous attendus pour recevoir des prix honorifiques. Daisy Ridley, la révélation des derniers Star Wars, et Sebastian Stan, connu pour son rôle du Soldat de l’Hiver dans l’univers Marvel, ont eux aussi fait sensation.
Côté cinéma, le public aura l’occasion de découvrir plusieurs films ayant déjà marqué le Festival de Cannes. Francis Ford Coppola présentera son très attendu Megalopolis, tandis que Sean Baker revient avec Anora, Palme d’Or du dernier festival cannois. La sélection promet d’offrir aux cinéphiles une immersion dans le meilleur du cinéma américain contemporain.
Un festival marqué par les polémiques
Cependant, cette édition anniversaire est également ternie par des polémiques qui ont éclaboussé l’organisation du festival. En juin dernier, une enquête de Mediapart révélait des accusations d’agressions sexuelles et de harcèlement contre l’ancien directeur du festival, Bruno Barde. Sept anciennes collaboratrices avaient témoigné de faits s’étalant entre 2014 et 2023. Ces révélations ont entraîné la mise en retrait de Barde, remplacé dans l’urgence par Aude Hesbert, qui avait été directrice adjointe du festival entre 2018 et 2023.
Aude Hesbert, nouvelle figure de proue du festival, a rapidement pris des décisions fortes pour assurer une édition sans heurts. L’une des premières a été l’exclusion d’Ibrahim Maalouf du jury. Le trompettiste, relaxé en 2020 après avoir été accusé d’agression sexuelle sur mineure, a vu sa présence devenir « problématique » au sein de l’équipe. Dans une interview à La Tribune Dimanche, Hesbert a expliqué que cette décision était nécessaire pour garantir la sérénité du festival, tout en précisant qu’elle ne se prononçait pas sur le fond de l’affaire.
Maalouf, de son côté, n’a pas tardé à réagir sur les réseaux sociaux, dénonçant son éviction et exprimant son intention de porter l’affaire en justice.
Autre polémique : la présidence du jury. Celle-ci avait initialement été proposée à la réalisatrice et actrice Maïwenn, avant de lui être retirée au profit de Benoît Magimel. Selon des informations rapportées par Le Point, cette décision aurait été prise dans un contexte de tension après le départ de Bruno Barde, qui aurait fait la proposition à Maïwenn. Cette dernière a confirmé l’information, mais l’organisation du festival n’a pas validé officiellement cette version, affirmant que la proposition n’était pas définitive.
Finalement, c’est donc Benoît Magimel qui préside cette année un jury composé de personnalités telles que Martin Bourboulon, Damien Bonnard, Lou Lampros et Ludivine Sagnier.
Malgré ces turbulences, le Festival du film américain de Deauville entend bien se recentrer sur l’essentiel : le cinéma. Après une édition 2023 marquée par la grève à Hollywood et l’absence de nombreuses stars, cette année 2024 promet de renouer avec la splendeur des grandes années. Le public, venu en nombre, semble déjà prêt à oublier les scandales pour célébrer le 7e art et ses figures emblématiques.