Nommé Premier ministre il y a tout juste 24 heures, Michel Barnier a profité de son passage au JT de 20 heures de TF1 pour détailler les grandes lignes de son futur gouvernement. Interrogé par Anne-Claire Coudray, l’ancien ministre des Républicains a exprimé sa volonté de composer une équipe diversifiée, ouverte à des personnalités de gauche, tout en refusant de céder à une quelconque « cohabitation ».
Un gouvernement d’union ?
Dès le début de l’entretien, Michel Barnier a clairement affiché son intention de ne pas limiter son gouvernement à une majorité de droite. « Ce ne sera pas seulement un gouvernement de droite », a-t-il déclaré, ouvrant ainsi la porte à des ministres issus de la gauche. Cette prise de position marque une rupture avec les gouvernements précédents et montre une volonté de transcender les clivages politiques traditionnels. « Je ne m’interdis pas de réunir autour de la même table des hommes et des femmes qui ont des compétences, oui, des gens de gauche aussi. Le sectarisme est une preuve de faiblesse », a-t-il ajouté, dans un geste d’ouverture visant à apaiser un paysage politique français profondément divisé.
Michel Barnier, fidèle à ses racines gaullistes et républicaines, a rappelé qu’il restait attaché aux valeurs de sa famille politique. « Je viens du gaullisme social, je suis un républicain, je suis européen aussi », a-t-il précisé. Toutefois, il n’exclut pas de nommer certains ministres sortants : « Peut-être, peut-être », a-t-il répondu prudemment, soulignant qu’il y avait « de bonnes idées partout ».
Pas d’accord avec le Rassemblement national
Interrogé sur un éventuel rapprochement avec le Rassemblement national de Marine Le Pen, Michel Barnier a immédiatement coupé court aux spéculations. S’il a confirmé qu’il rencontrerait la cheffe du parti d’extrême droite, il a fermement écarté l’idée de tout accord politique avec elle. « Je la verrai », a-t-il dit, avant de préciser qu’il n’avait « rien de commun avec les idéologies du Rassemblement national, que je respecte ». Une position claire qui vise à rassurer les franges modérées de l’électorat républicain, tout en laissant la porte ouverte à un dialogue institutionnel avec l’ensemble des forces politiques.
La proportionnelle à l’étude
L’une des questions majeures abordées lors de cette interview a été la réforme du mode de scrutin. Alors que plusieurs groupes politiques réclament l’introduction d’une dose de proportionnelle pour les élections législatives, Michel Barnier s’est montré ouvert à cette possibilité. « Si la proportionnelle est une solution, je ne me l’interdis pas », a-t-il déclaré, tout en soulignant que cette réforme nécessitait une large concertation avec les différents partis. Ce débat pourrait être relancé prochainement dans l’hémicycle, où la question divise les parlementaires depuis plusieurs années.
Retraites : ajuster, mais ne pas reculer
Sur la réforme des retraites, un autre dossier brûlant, Michel Barnier a affiché une position nuancée. Alors que ce texte fait l’objet de vives critiques au sein de l’Assemblée nationale, le Premier ministre a souhaité montrer sa volonté d’améliorer la loi, sans pour autant la remettre entièrement en question. « Il faut porter le débat sur l’amélioration de cette loi avec les partenaires sociaux », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance de protéger les plus vulnérables. Toutefois, il a confirmé qu’il ne comptait pas revenir sur les acquis de la réforme, préférant miser sur le dialogue social pour ajuster les points les plus contestés.
« Le gouvernement gouvernera »
Enfin, Michel Barnier a tenu à clarifier la nature de ses relations avec le président de la République, écartant toute idée de « cohabitation », un terme souvent associé à des périodes de tension entre l’Élysée et Matignon. « Le gouvernement gouvernera », a-t-il assuré, tout en précisant qu’il travaillera « en bonne intelligence avec le président ». Par ces propos, le nouveau Premier ministre entend affirmer son autonomie, tout en soulignant sa loyauté envers l’exécutif.