Les opérations de vote pour l’élection présidentielle algérienne se sont achevées samedi 7 septembre 2024, dans un climat de faible mobilisation des électeurs. Le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, brigue un second mandat, mais c’est le taux de participation qui suscite le plus de commentaires, après une journée d’élection marquée par une certaine apathie populaire.
Un taux de participation faible malgré les incitations
À 20h, heure de fermeture des bureaux de vote, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a annoncé un taux de participation provisoire de 48,03%, un chiffre en dessous des attentes. Ce chiffre, annoncé avec trois heures de retard, reflète une mobilisation timide tout au long de la journée, malgré la prolongation du vote d’une heure. Pour rappel, à 17h, la participation n’était que de 26,46%, en recul par rapport au scrutin de 2019 qui, à la même heure, atteignait 33,06%.
Dans les grandes villes et en Kabylie, région historiquement frondeuse, la participation a, une fois de plus, été faible, bien que légèrement meilleure qu’en 2019. Parmi les électeurs établis à l’étranger, seulement 18,31% avaient voté à 16h. Cette faible mobilisation générale fait écho à l’abstention record de 60% observée lors du précédent scrutin, en décembre 2019, lorsque Tebboune avait été élu pour la première fois en pleine vague de manifestations du Hirak.
Une élection sans engouement
Si les Algériens ont globalement boudé les urnes, c’est en grande partie à cause du peu d’enthousiasme suscité par la campagne électorale. Malgré les appels répétés des responsables politiques à une forte participation, le climat reste marqué par une défiance générale envers la classe politique. Abdelaali Hassani, candidat du parti islamiste MSP, a insisté sur l’importance d’un « taux de participation élevé » pour renforcer la crédibilité du scrutin, tandis que Youssef Aouchiche, du Front des Forces Socialistes (FFS), a exhorté les électeurs à « sortir du boycott et du désespoir ».
Pour encourager la participation, les autorités avaient mis en place des mesures incitatives, telles que la gratuité des transports publics (bus, métro, tramway) pour la journée du vote. Mais ces initiatives n’ont pas suffi à mobiliser une population désabusée après des années de stagnation politique et économique.
Les promesses économiques au cœur de la campagne
Abdelmadjid Tebboune a axé sa campagne sur un programme ambitieux, promettant de relancer l’économie nationale et d’améliorer les conditions de vie des Algériens. Fort du soutien que lui confère la manne gazière, l’Algérie étant le premier exportateur africain de gaz naturel, Tebboune a promis des investissements massifs, la construction de deux millions de logements, la création de 450 000 emplois et une hausse des salaires et des retraites. L’objectif affiché est de faire de l’Algérie la deuxième économie du continent africain, derrière l’Afrique du Sud.
Ses opposants ont également mis en avant l’urgence économique, mais se sont surtout concentrés sur les libertés publiques. Youssef Aouchiche a promis une amnistie pour les prisonniers d’opinion et une révision des lois répressives sur le terrorisme et les médias. Quant à Abdelaali Hassani, il a dénoncé une réduction « à néant » des libertés et s’est engagé à restaurer les droits fondamentaux des citoyens.
Alors que les résultats officiels sont attendus ce dimanche 8 septembre, Abdelmadjid Tebboune devrait sans surprise être reconduit pour un second mandat. Toutefois, le président devra relever des défis majeurs. La dépendance aux hydrocarbures, la lutte contre la corruption, le rétablissement d’un climat de confiance entre le pouvoir et les citoyens, et surtout répondre aux aspirations démocratiques du peuple algérien. Des conditions incontournables pour assurer la stabilité de l’Algérie dans les années à venir.