Le comité de politique monétaire de la Banque centrale d’Égypte (BCE) a choisi de maintenir ses taux directeurs inchangés lors de sa réunion du 5 septembre 2024. Cette décision, motivée par une stabilisation progressive de l’inflation, reflète la prudence des autorités monétaires face à un contexte économique encore fragile.
Une inflation sous contrôle, mais des défis persistants
L’inflation en Égypte, bien qu’encore élevée, montre des signes d’amélioration. En juillet 2024, l’inflation annuelle a reculé à 24,4 %, contre 25,7 % le mois précédent. Il s’agit du cinquième mois consécutif de baisse, renforçant ainsi l’espoir d’un retour progressif à la stabilité des prix.
Le comité a donc décidé de maintenir les taux d’intérêt à 27,25 % pour les dépôts et 28,25 % pour les crédits. Cette stabilité des taux vise à limiter l’impact sur les emprunts des entreprises et à ne pas freiner la croissance économique. En effet, ces taux directeurs avaient été relevés en février 2024 après la dévaluation de la Livre égyptienne, dans le but de juguler une inflation galopante. Désormais, la BCE semble avoir trouvé un équilibre entre la lutte contre l’inflation et le soutien à l’économie.
Croissance économique : un redressement attendu
Malgré les signes encourageants d’une baisse de l’inflation, la croissance du PIB réel reste en demi-teinte. Lors du premier trimestre de 2024, la croissance a ralenti à 2,2 %, contre 2,3 % au dernier trimestre de 2023. Ce ralentissement est principalement dû à une baisse de la contribution du secteur public, notamment affecté par la crise de navigation en mer Rouge, impactant ainsi le secteur des services.
Le secteur privé, quant à lui, a montré une certaine résilience, mais son redressement n’a pas suffi à compenser le déclin du secteur public. Néanmoins, les prévisions pour l’exercice 2024/2025 sont plus optimistes, avec une croissance attendue à la hausse, notamment grâce à l’amélioration des conditions économiques mondiales.
Un contexte mondial favorable
Sur la scène internationale, la lutte contre l’inflation progresse également. Les grandes économies, qu’elles soient développées ou émergentes, ont adopté des politiques de resserrement monétaire qui ont permis de freiner la hausse des prix. Certaines banques centrales ont même commencé à réduire leurs taux directeurs à mesure que l’inflation se rapproche des objectifs visés.
En Égypte, l’impact des fluctuations des prix mondiaux des matières premières, notamment de l’énergie, reste modéré. Malgré des tensions géopolitiques dans la région, les prix de l’énergie ont légèrement reculé, contribuant ainsi à l’amélioration de l’inflation globale.
La baisse des prix alimentaires : un facteur clé
L’un des facteurs les plus déterminants de la baisse de l’inflation en Égypte est la chute des prix des produits alimentaires. En juillet 2024, l’inflation annuelle des prix alimentaires est tombée à 29,7 %, son niveau le plus bas depuis près de deux ans. Cette baisse a permis de contenir l’inflation globale, malgré une inflation encore élevée pour les produits non alimentaires.
L’effet des politiques monétaires restrictives, conjugué à des ajustements budgétaires, commence à produire ses effets, et les perspectives pour 2025 sont encourageantes. Les experts s’attendent à une baisse plus marquée de l’inflation au premier trimestre de l’année prochaine, renforçant ainsi la confiance dans la trajectoire économique du pays.
Prévisions pour 2025
Si la BCE maintient sa politique actuelle, l’inflation devrait se stabiliser d’ici la fin de l’année 2024 avant de reculer plus nettement au cours du premier trimestre 2025. Cette évolution s’explique par l’effet cumulatif des mesures de resserrement monétaire et de la baisse des prix des produits de base.
La croissance économique devrait également suivre une trajectoire positive à partir de l’exercice 2024/2025, après une année 2023/2024 marquée par des défis internes et externes. Cependant, le contexte mondial et régional, notamment les tensions géopolitiques, reste un facteur de risque à surveiller.