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Thomas Fatôme : déficit record pour l’Assurance maladie en 2024

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Le 8 septembre 2024, le directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM), Thomas Fatôme, a lancé une mise en garde dans un entretien accordé à Les Echos. Selon lui, le déficit de la branche maladie en 2024 dépassera largement les prévisions initiales, déjà alarmantes, de 11,4 milliards d’euros. Ce montant, estimé en juin par la Commission des comptes de la Sécurité sociale, pourrait être encore « plus élevé », a averti le responsable, précisant que ce déficit restera « à un niveau historiquement très élevé ».

Une hausse des arrêts de travail qui pèse lourd

Le creusement des finances de l’Assurance maladie s’explique en grande partie par l’augmentation des dépenses liées aux arrêts de travail, dont le coût pourrait exploser de plus d’un milliard d’euros en 2024. Thomas Fatôme a reconnu que cette dynamique constitue un défi majeur pour la CNAM, qui s’efforce de réagir. « Nous devons nous assurer que les ressources sont bien utilisées, en particulier lorsque des dépenses comme celles des arrêts de travail augmentent aussi fortement », a-t-il déclaré.

Dans le cadre des mesures d’urgence, la CNAM prévoit de contacter tous les assurés en arrêt depuis plus de dix-huit mois. L’objectif est de vérifier si leur situation justifie un maintien de l’arrêt ou s’il est possible de mettre en place un mi-temps thérapeutique. De plus, 7 000 médecins généralistes qui prescrivent fréquemment des arrêts seront également invités à échanger avec la CNAM sur leurs pratiques pour identifier des pistes d’amélioration.

« Nous voulons discuter avec eux de la manière dont les arrêts de travail sont prescrits et voir s’il y a un moyen de mieux maîtriser la situation », a ajouté Thomas Fatôme, tout en annonçant le déploiement prochain de nouveaux certificats d’arrêt de travail plus sécurisés.

Vers une réforme de l’indemnisation des arrêts de travail

Conscient que les mesures actuelles ne suffiront pas, le directeur général de l’Assurance Maladie appelle à une réforme en profondeur du système d’indemnisation des arrêts de travail, qu’il souhaite à la fois « plus soutenable financièrement mais aussi plus juste ». Il demande un dialogue avec l’État et les partenaires sociaux pour repenser le modèle actuel, tout en associant les médecins à cette réflexion.

« Est-il normal qu’aujourd’hui un salarié soit moins bien couvert s’il n’a pas six mois d’ancienneté ? », s’interroge Thomas Fatôme, soulignant les inégalités du système actuel. « Les jours de carence sont souvent pris en charge dans les grandes entreprises, mais rarement dans les petites. Cela crée des disparités qui ne sont plus acceptables », a-t-il estimé.

La prise en charge des maladies chroniques : un autre enjeu clé

En parallèle, la CNAM s’attaque à un autre dossier épineux : la prise en charge des maladies chroniques, qui représente une part considérable des dépenses de santé en France. Actuellement, les patients atteints d’affections de longue durée (ALD)bénéficient d’une couverture à 100 % pour tous les soins liés à leur pathologie. Toutefois, cette prise en charge pourrait être réévaluée pour mieux distinguer les soins véritablement nécessaires de ceux qui n’entrent pas dans le cadre des ALD.

« Le système de prise en charge à 100 % des soins pour les pathologies chroniques est un pilier de l’Assurance maladie, c’est le cœur du réacteur », a précisé Thomas Fatôme, tout en affirmant que des efforts seront faits pour que les médecins fassent « le distinguo entre les soins à prendre en charge et les autres ».

Un contexte économique difficile pour la Sécurité sociale

Le déficit de l’Assurance Maladie s’inscrit dans un contexte économique global préoccupant. Comme dans de nombreux pays européens, la France doit faire face à une croissance économique anémique et une inflation persistante, qui pèsent lourdement sur les finances publiques. À cela s’ajoute la fin du rôle de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) en 2024, qui avait jusque-là pris en charge une partie des dettes liées à la pandémie de Covid-19. Cette situation laisse présager une augmentation de la pression sur les comptes publics et, par conséquent, sur le financement de l’Assurance Maladie.

Le directeur général de la CNAM appelle à un « effort collectif » et espère que les différentes parties prenantes – État, partenaires sociaux et médecins – réussiront à trouver des solutions durables pour préserver le modèle social français. « L’Assurance Maladie prendra sa part dans cette réforme, mais chacun doit jouer son rôle pour que notre système de santé continue de garantir un accès égal aux soins », a-t-il conclu.

 

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