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Union européenne : Mario Draghi alerte sur un « défi existentiel » et appelle à un sursaut économique et technologique

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Mario Draghi, ancien président du Conseil italien, a présenté ce lundi à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, un rapport dressant le constat d’une Europe en perte de vitesse économique. Ce document, axé sur la compétitivité, la transition énergétique et la sécurité, trace des recommandations pour redresser la barre.

Un décrochage économique préoccupant

Pour Mario Draghi, l’amélioration de la compétitivité de l’Union européenne (UE) constitue un « défi existentiel » pour les 27 États membres. Lors d’une conférence de presse, il a mis en garde contre le recul de l’Europe face à ses rivaux américains et chinois : « Au cours des deux dernières décennies, la croissance économique de l’UE est restée inférieure à celle des États-Unis, tandis que la Chine a rapidement rattrapé son retard. »

Le rapport souligne que pour inverser cette tendance, l’Europe doit impérativement augmenter sa productivité. « L’objectif principal doit être d’augmenter la productivité, qui est le moteur le plus important de la croissance à long terme », martèle Mario Draghi. Une des causes de cette perte de compétitivité ? Des conditions de concurrence inégales à l’échelle mondiale, notamment face à la Chine. « Dans de tels scénarios, il peut être nécessaire d’égaliser les règles du jeu pour que la croissance de la productivité se poursuive », précise le rapport.

L’innovation technologique, le talon d’Achille de l’Europe

Draghi pointe également le retard technologique de l’UE, notamment dans l’intelligence artificielle (IA) générative. Selon le rapport, près de 70 % des modèles d’IA développés depuis 2017 proviennent des États-Unis. « La principale raison pour laquelle la productivité de l’UE a divergé de celle des États-Unis au milieu des années 1990 est que l’Europe n’a pas su tirer parti de la première révolution numérique », observe l’ancien président du Conseil italien.

Néanmoins, Mario Draghi se montre optimiste quant à l’avenir : « Si certains secteurs numériques sont probablement déjà perdus, l’Europe a encore la possibilité de tirer parti des futures vagues d’innovation numérique ». Il appelle à des investissements massifs en R&D pour que l’UE puisse se tailler une place dans des domaines d’avenir comme l’intelligence artificielle et les technologies quantiques.

La décarbonation, une opportunité à saisir pour l’Europe

La transition énergétique est un autre pilier du rapport, qui considère la décarbonation comme une opportunité stratégique pour l’UE. Draghi souligne que les objectifs climatiques de l’Europe sont « plus ambitieux que ceux de ses concurrents, ce qui entraîne des coûts supplémentaires à court terme pour l’industrie européenne ». Cependant, il affirme que « la décarbonation offre à l’Europe l’occasion de faire baisser les prix de l’énergie et de prendre la tête des technologies propres ». Pour cela, il appelle à une « augmentation significative de la capacité de production et de réseau » énergétique, notamment pour répondre aux besoins croissants du secteur numérique.

Le rapport insiste sur la nécessité de mettre en place une véritable « Union de l’énergie » pour coordonner les efforts européens en matière de transition énergétique. Draghi préconise aussi de réduire le coût de l’énergie pour les consommateurs finaux, un aspect essentiel pour relancer les investissements des entreprises.

Les dépendances stratégiques, une vulnérabilité croissante

Mario Draghi tire également la sonnette d’alarme sur les dépendances de l’UE vis-à-vis de l’extérieur, en particulier pour les matières premières essentielles comme le lithium. « Les Vingt-Sept sont très dépendants de l’extérieur, notamment pour les matières premières critiques », déplore l’ancien Premier ministre. Ces dépendances pourraient devenir des vulnérabilités dans un contexte de fragmentation géopolitique accrue.

Pour réduire ces risques, le rapport propose la création d’une « plateforme européenne dédiée » à la gestion des matières premières critiques et appelle à la mise en œuvre rapide de la réglementation européenne adoptée en mars dernier.

Investir pour sécuriser l’avenir de l’Europe

Le renforcement de la défense et de la sécurité fait également partie des priorités de Mario Draghi. « La détérioration des relations géopolitiques crée de nouveaux besoins en matière de dépenses de défense et de capacité industrielle de défense », note-t-il dans son rapport. Or, seuls dix États membres respectent les engagements de l’OTAN en matière de dépenses militaires, soit 2 % de leur PIB.

Draghi appelle à davantage d’investissements dans ce domaine, mais aussi dans le secteur spatial européen, qui, selon lui, nécessite une nouvelle gouvernance et des fonds supplémentaires pour devenir un acteur compétitif au niveau mondial.

Un besoin urgent d’investissements publics et privés

Au-delà de la défense, Draghi insiste sur la nécessité d’accroître les investissements publics et privés pour revitaliser l’économie européenne. Toutefois, la flambée des prix de l’énergie pèse lourdement sur les capacités d’investissement des entreprises européennes. « Ils continuent d’affecter le sentiment d’investissement des entreprises, bien plus que dans les autres grandes économies », regrette Draghi.

Il exhorte les Vingt-Sept à émettre de nouvelles dettes communes, à l’instar du plan de relance post-Covid, pour financer des projets d’investissement communs. Enfin, il propose d’améliorer l’accès au financement pour les entreprises innovantes, notamment en développant une véritable union des marchés de capitaux au sein de l’UE. Actuellement, selon Draghi, « les prêts bancaires restent la principale source de financement externe pour les entreprises, mais ces établissements sont généralement mal équipés pour financer les entreprises innovantes ».

Enfin, Mario Draghi plaide pour une simplification des processus décisionnels au sein de l’UE. Le rapport met en évidence la lenteur des prises de décisions, qui freine la compétitivité européenne. « Les règles de prise de décision de l’UE reposent sur une logique interne valable – parvenir à un consensus ou au moins à une large majorité – mais elles semblent lentes et lourdes en comparaison avec les développements qui se produisent à l’extérieur », explique-t-il.

 

 

 

 

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