Après un nouveau naufrage de migrants dans la Manche, le Premier ministre britannique Keir Starmer a rencontré lundi son homologue italienne, Giorgia Meloni, à Rome. La gestion de la crise migratoire en Europe était au cœur des discussions entre les deux dirigeants, qui ont souligné la nécessité d’une coopération accrue face à ce défi commun.
Une gestion migratoire sous tension
Pour Keir Starmer, qui a pris les rênes du gouvernement britannique en juillet dernier, la crise migratoire est une priorité. La Grande-Bretagne a été secouée par des émeutes en août dernier, juste après son entrée en fonction, en réponse à la hausse des arrivées de migrants sur le territoire. « Il y a eu ici une réduction assez remarquable des entrées de clandestins, donc je veux comprendre comment cela s’est produit », a-t-il déclaré en amont de sa rencontre avec Giorgia Meloni.
L’Italie, quant à elle, est l’un des pays européens les plus touchés par l’arrivée de migrants en provenance d’Afrique du Nord. Pourtant, grâce à une série d’accords avec des pays comme la Tunisie et la Libye, elle a réussi à réduire de plus de 60 % les traversées de la Méditerranée cette année, selon Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières.
Des accords pour freiner les flux migratoires
Les deux dirigeants ont salué les accords financiers conclus entre l’UE, l’Italie, la Tunisie et la Libye. En 2023, la Tunisie a reçu plus de 100 millions d’euros pour renforcer ses contrôles aux frontières, avec le soutien de navires de patrouille italiens. Pour Giorgia Meloni, cette stratégie est la clé de la baisse des arrivées.
Lors d’une conférence de presse commune, la Première ministre italienne a déclaré que « les deux pays ont accordé une attention particulière à la lutte contre l’immigration clandestine », ajoutant que le Royaume-Uni et l’Italie s’engageaient à « renforcer la coopération dans la lutte contre le trafic et la traite des êtres humains ». Elle a également insisté sur l’importance de travailler avec les États d’origine et de transit des migrants, notamment en utilisant des outils internationaux comme Interpol et Europol.
Keir Starmer, pragmatique mais ferme
De son côté, Keir Starmer a souligné l’importance de solutions pragmatiques pour endiguer l’immigration. Il a notamment rappelé que, depuis juillet, près de 3 000 migrants avaient été renvoyés vers leur pays d’origine, lors de ce qu’il a qualifié de « plus important vol » organisé par les autorités britanniques. « En travaillant ensemble, nous pouvons renforcer la sécurité et assurer la stabilité et la croissance dans nos deux pays », a-t-il écrit sur le réseau X (anciennement Twitter).
Cependant, certaines mesures envisagées ne manquent pas de susciter la controverse. En effet, Londres s’intéresse de près au modèle des centres d’accueil pour migrants en Albanie, financés par l’Italie. Ces centres, qui doivent ouvrir en septembre, permettront de traiter jusqu’à 36 000 migrants par an. Pendant leur séjour, ils pourront demander l’asile en Italie. En cas de refus, ils seront rapatriés vers leur pays d’origine.
Keir Starmer a souligné que, contrairement au projet controversé de ses prédécesseurs d’envoyer les demandeurs d’asile au Rwanda, cette initiative repose sur des accords avec des pays européens et respecte les normes internationales. « Nous avons toujours dit que nous regarderions tout ce qui marche », a rappelé Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur britannique. « Il faut que ce soit possible, financièrement viable et compatible avec les standards internationaux », a-t-elle précisé.
Un modèle italien salué, mais scruté de près
Giorgia Meloni, fière des résultats obtenus par l’Italie, a mis en avant la baisse de 60 % des débarquements de migrants sur les côtes italiennes. « Nous avons fait des progrès remarquables pour trouver une solution au moteur de cette migration à sa source et à la répression des gangs de passeurs », a-t-elle déclaré.
Pour Keir Starmer, cette approche pourrait inspirer le Royaume-Uni, qui cherche à renforcer la sécurité de ses frontières et à réduire les flux de migrants traversant la Manche. Toutefois, il s’est montré plus prudent concernant les centres en Albanie, précisant que leur efficacité serait évaluée à mesure que le projet avancera. « Ce programme n’a pas encore commencé, donc nous allons attendre de voir », a-t-il affirmé.
Un partenariat clé pour l’avenir de l’Europe
Cette rencontre entre les deux leaders, malgré leurs différences politiques, marque une étape dans la coopération entre l’Italie et le Royaume-Uni. Leur objectif commun est clair : freiner l’immigration clandestine tout en respectant les droits humains et les normes internationales.
« Nous continuerons à travailler ensemble dans le cadre du processus de Rome », a déclaré Giorgia Meloni sur les réseaux sociaux, ajoutant que l’accent serait mis sur l’aide au retour volontaire des migrants.
Le partenariat entre Rome et Londres s’inscrit dans une stratégie plus large pour renforcer la sécurité en Europe et stabiliser la situation aux frontières. Alors que la crise migratoire continue de secouer l’ensemble du continent, cette alliance pourrait-elle offrir une réponse pragmatique à un problème de plus en plus pressant ?
Alors que l’Europe continue de faire face à des défis migratoires complexes, la coopération renforcée entre Keir Starmer et Giorgia Meloni laisserait-elle entrevoir de nouvelles solutions et une réponse coordonnée à la crise migratoire en Europe ? Affaire à suivre !