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vendredi, octobre 11, 2024
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Tunisie : Fitch Ratings relève la note souveraine à « CCC+ »

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L’agence de notation américaine Fitch Ratings a récemment rehaussé la note de défaut émetteur (IDR) à long terme en devises de la Tunisie, passant de « CCC- » à « CCC+ ». Une évolution qui reflète, selon l’agence, une confiance accrue dans la capacité du pays à répondre à ses besoins de financement, malgré des défis persistants. Cette nouvelle note, bien que toujours dans la catégorie des investissements à risque, marque un progrès notable pour l’économie tunisienne.

Un signal positif pour les finances publiques

Selon Fitch, ce rehaussement est avant tout le reflet d’une position extérieure plus favorable pour la Tunisie. En effet, le pays a réussi à maintenir ses réserves internationales à un niveau suffisant pour couvrir ses obligations de paiement extérieures, malgré un environnement international tendu. L’agence anticipe que ces réserves resteront supérieures à trois mois de paiements extérieurs courants jusqu’en 2026, une donnée cruciale pour la confiance des investisseurs.

Le déficit du compte courant s’est réduit, ce qui a contribué à stabiliser les réserves en devises. Ce contexte économique plus stable permet à la Tunisie d’assumer ses obligations financières extérieures, et ce, sans programme de soutien formel du Fonds monétaire international (FMI), souligne Fitch.

Des défis importants persistent

Malgré cette amélioration, Fitch Ratings reste prudente. La Tunisie fait toujours face à des besoins de financement élevés et l’accès aux marchés internationaux demeure limité. L’agence pointe également l’incertitude quant à la capacité des banques tunisiennes, notamment privées, à absorber une part croissante de la dette intérieure du pays. Cependant, les banques publiques pourraient être appelées à jouer un rôle de plus en plus important dans ce domaine.

Côté dette publique, elle est estimée à 83,9 % du PIB pour 2023 et devrait légèrement diminuer pour atteindre 80,8 % d’ici 2026. Toutefois, Fitch avertit que cette trajectoire dépend fortement de la stabilité de la monnaie tunisienne et des chocs budgétaires, en particulier liés aux fluctuations des prix internationaux des matières premières.

Une gestion budgétaire sous pression

La question du déficit budgétaire reste une préoccupation majeure pour la Tunisie. L’agence prévoit une réduction progressive de celui-ci, avec un taux de 6,4 % du PIB en 2024, 5,3 % en 2025 et 4,7 % en 2026, contre 7,1 % en 2023. Cette baisse serait principalement due à une réduction des subventions et de la masse salariale, ainsi qu’à une gestion plus stricte des dépenses publiques.

Cependant, Fitch ne prévoit pas de réforme majeure dans le système de subventions en raison de l’opposition politique à toute augmentation des prix des produits alimentaires et énergétiques. La Tunisie pourrait néanmoins bénéficier de la baisse des prix internationaux des matières premières, ce qui permettrait de réduire le coût des subventions de 1,7 % du PIB d’ici 2026.

Stabilité monétaire : une priorité

La stabilité du taux de change, maintenue ces dernières années grâce à une gestion rigoureuse des réserves de devises, reste un atout pour l’économie tunisienne. Fitch s’attend à ce que cette stabilité se poursuive, mais note que des risques existent, notamment en raison de la diminution des financements extérieurs et d’un éventuel recours au financement monétaire pour couvrir le déficit budgétaire.

Un chemin encore semé d’embûches

Le rehaussement de la note de la Tunisie par Fitch Ratings est certes une bonne nouvelle, mais il ne faut pas sous-estimer les risques auxquels le pays continue de faire face. L’économie tunisienne reste vulnérable aux chocs extérieurs, qu’ils soient financiers ou liés aux fluctuations des matières premières. Le défi pour la Tunisie sera d’attirer de nouveaux financements, tout en assurant une gestion prudente de ses finances publiques.

Si la stabilité des réserves de change et la réduction du déficit sont des signaux encourageants, des réformes profondes restent nécessaires pour consolider cette dynamique positive et permettre au pays de se sortir définitivement de la zone à risque dans laquelle il évolue depuis plusieurs années.

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