Réélu pour un second mandat de cinq ans, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a exposé les grandes lignes de sa feuille de route pour l’Algérie. Dans un contexte économique, social et politique encore difficile, il ambitionne de consolider les réformes amorcées et de relever de nouveaux défis pour faire de l’Algérie un pays émergent.
Continuité des réformes
Dès son investiture, Abdelmadjid Tebboune a rappelé que ce quinquennat s’inscrit dans la continuité des efforts fournis lors de son premier mandat. « Le premier quinquennat a été marqué par une pandémie mondiale et des défis économiques et sociaux majeurs », a-t-il souligné. Malgré cette conjoncture défavorable, des avancées importantes ont été réalisées, notamment dans le secteur minier, où plusieurs projets structurants ont vu le jour.
Parmi ces projets, la mine de fer de Gara Djebilet à Tindouf, ainsi que celles de zinc et plomb à Amizour (Béjaïa) et le phosphate de Tébessa, sont emblématiques. « L’exploitation industrielle de ces projets sera lancée incessamment », a précisé le chef de l’État. Ces initiatives visent à diversifier l’économie algérienne, réduisant ainsi sa dépendance aux hydrocarbures, tout en générant des devises supplémentaires pour soutenir le développement économique du pays.
Infrastructures et désenclavement des régions
L’un des grands chantiers du président Tebboune pour ce second mandat est le renforcement des infrastructures, en particulier la création d’une ligne de chemin de fer reliant le nord du pays au sud, jusqu’à Tamanrasset. Ce projet, selon Tebboune, permettra de désenclaver des régions entières et de dynamiser le développement local. « Ce projet ferroviaire est stratégique pour l’unité nationale et le développement des zones les plus reculées de notre pays », a-t-il affirmé.
Autonomie alimentaire : Un objectif à court terme
Le secteur agricole occupe également une place prépondérante dans la stratégie du président. Grâce aux partenariats stratégiques noués avec des pays comme le Qatar et l’Italie, l’Algérie espère atteindre l’autosuffisance en blé dur d’ici 2025, en maïs et en orge dès 2026. « Nous ne pouvons pas continuer à dépendre de l’étranger pour des produits de première nécessité », a déclaré Tebboune, ajoutant que « la facture des importations a nettement reculé ces dernières années ». De plus, l’augmentation des superficies irriguées, visant un million d’hectares supplémentaires, renforcera la production locale.
Création d’emplois et encouragement à l’entrepreneuriat
Sur le plan de l’emploi, Tebboune s’est engagé à créer 450 000 nouveaux postes de travail durant ce second mandat, tout en favorisant la croissance des startups. « En 2020, l’Algérie comptait moins de 200 startups. Aujourd’hui, nous en avons des milliers, et nous prévoyons d’en créer 20 000 de plus », a-t-il précisé. Le développement de l’auto-entrepreneuriat fait aussi partie de sa stratégie pour diversifier les opportunités professionnelles, notamment pour les jeunes.
Relance de l’industrie et contribution au PIB
La relance de l’industrie algérienne figure également parmi les priorités de Tebboune, qui s’est inspiré de l’héritage industriel de l’ancien président Houari Boumediene. « À l’époque, l’industrie représentait jusqu’à 19 % du PIB. Aujourd’hui, après des années difficiles, elle ne contribue plus qu’à 5 % », a-t-il déploré. Toutefois, les efforts entrepris depuis son élection ont permis d’enrayer cette chute, et il ambitionne d’atteindre une contribution de 12 % d’ici la fin de ce mandat. « Quand nous atteindrons ce niveau, l’Algérie sera alors une vraie nation industrielle », a-t-il assuré.
Sécurité hydrique : un défi majeur
Face aux enjeux climatiques et à la raréfaction de l’eau, Tebboune a annoncé un plan ambitieux pour garantir la sécurité hydrique du pays. « D’ici décembre 2024, cinq nouvelles stations de dessalement d’eau de mer, d’une capacité de 300 000 litres par jour chacune, seront mises en service », a-t-il révélé. Ces stations, réalisées à 75 % par des entreprises algériennes, sont essentielles pour répondre aux besoins croissants en eau potable dans plusieurs régions.
Diversification économique et croissance soutenue
Abdelmadjid Tebboune a également réaffirmé son engagement à diversifier l’économie algérienne en misant sur les exportations hors hydrocarbures. « Nous visons des exportations non pétrolières de 15 milliards de dollars d’ici 2026 et 29 milliards d’ici 2030 », a-t-il précisé. Le président a également rappelé que l’économie algérienne est en pleine croissance, avec un taux de 4,1 % en 2024, le plus élevé de la région méditerranéenne. « Notre objectif est de maintenir cette croissance à plus de 3,9 % et d’augmenter le PIB à 400 milliards de dollars d’ici 2029 », a-t-il ajouté.
Logement et amélioration du niveau de vie
Sur le plan social, le président Tebboune s’est engagé à construire deux millions de logements de différents types durant ce quinquennat. Il a également promis d’augmenter l’aide de l’État pour l’auto-construction à un million de dinars. « Nous avons déjà réalisé 1,7 million d’unités durant le premier mandat, et nous allons continuer sur cette lancée », a-t-il affirmé. Par ailleurs, le chef de l’État a insisté sur la préservation du pouvoir d’achat des citoyens. « Nous allons maîtriser l’inflation, stabiliser les prix et augmenter les pensions et les salaires, qui seront doublés d’ici la fin du mandat », a-t-il promis.
Tebboune s’est enfin engagé à présenter un bilan transparent de son premier mandat devant les deux chambres du Parlement avant la fin de l’année 2024. « Nous perpétuerons cette bonne tradition d’un discours à la Nation pour détailler les réalisations et les défis à venir », a-t-il conclu.