Alors que la France est plongée dans l’incertitude autour du budget 2025, un rapport publié le 17 septembre par l’ONG Oxfam vient raviver le débat sur la fiscalité des successions, et plus particulièrement sur les « super-héritages ». L’organisation dénonce une taxation qu’elle juge « opaque et inadaptée », pointant du doigt un système où les plus fortunés échappent en grande partie aux droits de succession, creusant ainsi les inégalités.
Des milliardaires peu taxés sur des montants astronomiques
Le constat dressé par Oxfam est édifiant : dans les trente prochaines années, 25 milliardaires français transmettront plus de 460 milliards d’euros à leurs héritiers. Selon le système en vigueur, les successions de cette envergure devraient être taxées à hauteur de 45 %. Pourtant, l’ONG révèle que ces super-héritiers ne s’acquittent en moyenne que de 10 % de droits de succession, grâce à un arsenal de niches fiscales et d’exemptions.
Cette situation pose un réel problème pour les finances publiques. D’après les calculs d’Oxfam, l’État pourrait perdre jusqu’à 160 milliards d’euros sur cette période. Un manque à gagner colossal qui, selon l’ONG, pourrait être réinvesti dans des projets publics, notamment dans l’éducation. À titre d’exemple, cette somme correspondrait à un « chèque de 7 000 euros pour chaque jeune atteignant la majorité dans les trois prochaines décennies », souligne le rapport.
Un système inégalitaire qui profite aux plus riches
L’un des points les plus marquants du rapport est l’écart criant entre les héritages des super-riches et ceux de la majorité des Français. En effet, 80 % des citoyens ne perçoivent aucune donation de leur vivant, et parmi les héritiers, 90 % touchent moins de 100 000 euros au cours de leur vie. À l’inverse, les super-héritiers du top 0,1 % reçoivent en moyenne 13 millions d’euros, soit 180 fois l’héritage médian en France.
Ces inégalités sont encore accentuées par les mécanismes fiscaux en place, à l’image du pacte Dutreil, qui permet d’exonérer jusqu’à 75 % de la transmission d’entreprises familiales. Selon Oxfam, ce dispositif, censé coûter 500 millions d’euros par an à l’État, représente en réalité une perte de 3 milliards d’euros chaque année.
Un consensus populaire en faveur d’une réforme
Face à ces inégalités croissantes, Oxfam appelle à une réforme en profondeur du système de taxation des héritages. L’ONG plaide pour une fiscalité plus transparente, la suppression des niches fiscales injustifiées et la mise en place d’un barème plus progressif visant spécifiquement les plus gros patrimoines.
Cette position semble partagée par une majorité de Français. Un sondage réalisé par Verian pour Oxfam montre que 60 % des Français se disent favorables à une taxation plus importante des héritages les plus élevés. Ce soutien massif reflète un mécontentement grandissant face à la concentration des richesses entre quelques familles, souvent héritières de vastes fortunes.
Une fiscalité inadaptée qui aggrave les inégalités
La problématique des super-héritages touche directement à celle des inégalités économiques en France. Le rapport d’Oxfam souligne que 7 des 9 nouveaux milliardaires français de 2024 sont eux-mêmes issus de familles fortunées, héritant de vastes patrimoines souvent exonérés d’impôts. Un quart des milliardaires du pays appartient à seulement trois familles.
Cette concentration de la richesse, associée à une faible taxation, alimente un système de transmission de patrimoine qui, selon Oxfam, accélère les inégalités. L’ONG dénonce notamment le fait que les « petites transmissions » soient souvent lourdement taxées, tandis que les super-héritages échappent largement à l’imposition.
Le rapport d’Oxfam dresse un tableau d’un système fiscal inégalitaire qui profite aux plus riches, au détriment de la majorité des citoyens et des finances publiques. Alors que la transmission des super-héritages risque de priver l’État de milliards d’euros, la nécessité d’une réforme de fond se fait de plus en plus pressante. Pour Oxfam, il est temps de repenser la fiscalité des successions afin de la rendre plus juste et plus transparente.