François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a mis en garde contre l’endettement croissant de la France et a détaillé ses recommandations pour en sortir dans un entretien au Parisien. Alors que la prévision de croissance pour 2024 a été revue à la hausse, passant de 0,8 % à 1,1 %, le déficit public persistant représente un défi majeur pour le pays. Le gouverneur insiste sur l’urgence de fixer un « cap crédible » pour réduire la dette tout en maintenant une trajectoire de croissance.
Une croissance révisée, mais des déficits alarmants
En dépit d’une légère amélioration de la croissance attendue en 2024, avec un PIB qui devrait progresser de 1,1 %, l’économie française reste confrontée à un déficit public estimé à plus de 5 % du PIB. Un chiffre bien supérieur aux normes fixées par le traité de Maastricht, qui impose un seuil de 3 %. François Villeroy de Galhau n’hésite pas à qualifier de « totalement irréaliste » l’objectif du gouvernement précédent de ramener le déficit sous cette barre d’ici 2027. Il estime qu’un délai de cinq ans serait plus raisonnable pour atteindre cet objectif, sans étouffer la croissance économique.
100 Milliards d’Euros à Trouver d’Ici 2029
Face à cet endettement massif, le gouverneur de la Banque de France propose une feuille de route claire : la France devra identifier et économiser 100 milliards d’euros d’ici 2029. Pour y parvenir, il prône une gestion rigoureuse des dépenses publiques, non seulement au niveau national mais aussi au niveau local. Toutefois, il ne s’arrête pas là et plaide pour que le débat fiscal ne soit plus un tabou.
Selon François Villeroy de Galhau, une augmentation temporaire des impôts ne doit pas être exclue, à condition qu’elle soit ciblée. Il propose de ne pas toucher aux classes moyennes ni aux petites et moyennes entreprises (PME), mais de demander des contributions supplémentaires aux grandes entreprises et aux contribuables les plus aisés. « Cela pourrait aider à combler le déficit sans compromettre la reprise », avance-t-il, tout en insistant sur le caractère temporaire de cette hausse.
Michel Barnier, récemment nommé Premier ministre, a d’ailleurs laissé entendre qu’il n’était pas opposé à une surtaxe des grandes entreprises pour compenser le déficit budgétaire. Cette position commune pourrait marquer un tournant dans le débat fiscal en France.
Une inflation sous contrôle, mais une instabilité persistante
Sur le plan de l’inflation, François Villeroy de Galhau se montre rassurant. Après être tombée sous les 2 % en août, l’inflation pourrait connaître un léger rebond d’ici 2026, mais les salaires augmentent désormais plus vite que les prix. Le gouverneur se veut donc optimiste quant à la protection du pouvoir d’achat des Français.
Un redressement difficile, mais indispensable
Le plan esquissé par François Villeroy de Galhau repose sur deux piliers : une réduction stricte des dépenses publiques et un ajustement fiscal temporaire. Toutefois, ces efforts risquent d’être freinés par le climat d’incertitude qui règne dans le pays. Le gouverneur appelle à un effort collectif, exhortant tant les acteurs publics que privés à prendre leurs responsabilités pour remettre la France sur la voie d’une gestion budgétaire saine.