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Immigration Canada : vers une réduction des permis de travail et d’études pour les étrangers

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Le Canada, longtemps perçu comme une terre d’accueil pour les travailleurs et étudiants internationaux, opère un virage majeur dans sa politique d’immigration. Le gouvernement fédéral a récemment annoncé une série de mesures destinées à réduire le nombre de résidents temporaires étrangers. Ces nouvelles réglementations, qui s’inscrivent dans un contexte de tensions sur l’accès au logement et les services publics, marquent un coup d’arrêt aux campagnes de recrutement à grande échelle menées ces dernières années.

Un renversement inattendu

Jusqu’à présent, le Canada faisait figure d’exception en matière d’immigration, avec des programmes dédiés pour attirer une main-d’œuvre étrangère qualifiée et une population étudiante venue du monde entier. Cependant, depuis le début de l’année 2024, les portes se referment progressivement. Les autorités ont décidé de limiter le nombre de permis d’études, de réduire le temps de travail autorisé pour les étudiants étrangers, et d’aller jusqu’à suspendre le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) au Québec, un dispositif crucial pour plusieurs secteurs en manque de personnel.

Le 18 septembre, The Globe and Mail rapportait que le gouvernement d’Ottawa avait franchi une nouvelle étape en annonçant un ensemble de mesures supplémentaires “visant à réduire davantage le nombre de résidents temporaires étrangers”. L’une des décisions marquantes est la réduction des permis de travail octroyés aux conjoints d’étudiants et de travailleurs étrangers, ainsi que l’instauration d’un plafond strict de 437 000 permis pour étudiants internationaux en 2025.

Ces changements concernent aussi ceux qui sont déjà présents au Canada : selon le quotidien, environ 203 000 étudiants internationaux verront leur permis de travail expirer l’an prochain, et un grand nombre d’entre eux risquent de ne pas obtenir de statut de résident permanent avant cette échéance. “Le plafonnement du nombre d’étudiants internationaux [admis] est fait pour durer”, a déclaré Marc Miller, ministre de l’Immigration. Il a ajouté que “vouloir venir au Canada est peut-être un rêve, mais c’est un privilège et non un droit”, signalant ainsi un changement de ton clair dans la rhétorique du gouvernement.

Marc Milleur annonce la feuille de route visant a réduire le volume des résidents temporaires au Canada (capture d’écran compte x)

L’impact sur les travailleurs et les entreprises

Le durcissement des règles risque de faire mal aux secteurs qui dépendent d’une main-d’œuvre étrangère pour fonctionner. Les industries comme la mécanique, la soudure, et bien d’autres, situées souvent en dehors des grands centres urbains, pourraient être les plus touchées. De nombreux travailleurs étrangers employés dans ces secteurs sur une base temporaire risquent de se retrouver dans l’impossibilité de renouveler leurs permis de travail.

Ces entreprises-là devront faire des choix”, avertit Krishna Gagné, avocate spécialisée en immigration, citée par RFI. “Si une entreprise a déjà 60 % de travailleurs étrangers à bas salaire, elle ne pourra pas renouveler tous ses travailleurs”, a-t-elle précisé, signalant que la panique s’installe dans plusieurs entreprises qui dépendent de cette main-d’œuvre pour maintenir leurs activités.

Cette situation place les employeurs face à un dilemme : continuer de compter sur une main-d’œuvre temporaire étrangère en nombre limité ou trouver des solutions pour attirer des travailleurs locaux, ce qui s’avère souvent plus coûteux et complexe.

Les raisons derrière le revirement

Cette politique restrictive s’explique en grande partie par des enjeux de logement et de saturation des services publics, particulièrement dans les grandes villes canadiennes. L’arrivée massive d’étudiants et de travailleurs temporaires a contribué à exercer une pression sur le marché immobilier, déjà en crise, et sur les infrastructures publiques, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

Le ministre de l’Immigration a défendu ces mesures en affirmant qu’elles étaient nécessaires pour répondre à ces défis internes. Le gouvernement souhaite désormais prioriser des politiques migratoires qui soutiennent l’économie canadienne tout en protégeant les ressources locales. Cependant, pour les résidents temporaires actuels et les entreprises qui dépendent d’eux, la transition s’annonce difficile.

Une nouvelle ère pour l’immigration au Canada

Avec ces mesures, le Canada semble amorcer une nouvelle phase dans sa gestion de l’immigration. Si le pays était jusqu’alors perçu comme un eldorado pour de nombreux travailleurs et étudiants, le climat actuel devient plus restrictif et incertain. Le rêve canadien, comme l’a souligné Marc Miller, est désormais un “privilège et non un droit”, et de plus en plus difficile à atteindre pour ceux qui espèrent s’y établir à long terme.

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