Jeudi 19 septembre, Michel Barnier a présenté à Emmanuel Macron la première ébauche de son gouvernement. Après une réunion à Matignon avec les représentants des partis de la majorité, cette nouvelle équipe marque un rééquilibrage notable vers la droite, tout en préservant l’essentiel des lignes directrices de l’exécutif. Retour sur les principales nominations et les enjeux politiques qui entourent cette annonce.
Un gouvernement de 38 ministres et une droite renforcée
Le projet de Michel Barnier pour son gouvernement comprend 38 ministres, dont 16 de plein exercice. Bien que la liste doive encore passer par la validation présidentielle, l’architecture globale du gouvernement laisse peu de place au doute : il penche nettement plus à droite. Parmi les ministres pressentis, sept sont issus du parti présidentiel Renaissance, deux du MoDem, un d’Horizons et trois des Républicains (LR). Un signal fort est donné à la droite conservatrice avec la promesse du ministère de l’Intérieur pour Bruno Retailleau, un des leaders du groupe LR au Sénat.
Cependant, Barnier s’est montré prudent en évitant toute rupture franche. Le nouvel équilibre, bien que plus droitier, se veut consensuel pour maintenir la cohésion au sein de la majorité.
Le rôle stratégique des Républicains
La main tendue vers les Républicains est sans conteste l’un des éléments les plus notables de cette composition. Laurent Wauquiez, président des Républicains, a finalement décliné une place au sein du gouvernement, mais a révélé la liste de ceux qui pourraient y participer. Parmi eux, Bruno Retailleau semble le mieux positionné, avec une proposition pour prendre les rênes de l’Intérieur.
D’autres figures de la droite conservatrice sont également sur la liste. Laurence Garnier, sénatrice de Loire-Atlantique, pourrait obtenir le ministère de la Famille, tandis que Patrick Hetzel est pressenti pour l’Enseignement supérieur. Ces deux personnalités, connues pour leur opposition à la constitutionnalisation de l’IVG et leur engagement dans la « Manif pour tous », marquent un virage idéologique au sein du gouvernement, à rebours des réformes sociétales impulsées sous le premier mandat d’Emmanuel Macron.
Une stabilité pour les Affaires étrangères et la Défense
Malgré cette poussée à droite, Emmanuel Macron semble vouloir garder la main sur certains domaines clés de son « domaine réservé ». Ainsi, les ministères des Affaires étrangères et de la Défense devraient rester aux mains de fidèles du bloc central. Jean-Noël Barrot, ministre sortant des Affaires européennes et membre du MoDem, pourrait hériter du Quai d’Orsay, tandis que Sébastien Lecornu est pressenti pour être reconduit à la tête du ministère des Armées. Ces deux nominations montrent la volonté du président de maintenir la stabilité dans les domaines stratégiques de la politique extérieure et de la défense.
L’éviction probable de Gérald Darmanin
Gérald Darmanin, actuellement ministre de l’Intérieur, avait exprimé son intérêt pour le poste de ministre des Affaires étrangères. Pourtant, après une offensive médiatique qui a semblé déplaire au Premier ministre, il devrait, sauf coup de théâtre de dernière minute, quitter le gouvernement. Cette décision, qui intervient après plusieurs semaines de tensions, pourrait mettre un terme à l’un des parcours les plus marquants du précédent gouvernement.
Le gouvernement définitif devrait être dévoilé avant dimanche, a précisé l’entourage de Michel Barnier dans un communiqué. « Le Premier ministre a présenté l’architecture et la composition de son gouvernement qui respecte les équilibres », a-t-il été annoncé, soulignant que des « vérifications déontologiques habituelles » sont encore en cours. Le président de la République, qui avait déjà retoqué une première mouture en début de semaine, devra valider cette nouvelle composition.
